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laient l’arrêter, répliqua Hia-Héou-Tun ; son excellence le sait-elle ? »

« Pas encore, dit l’envoyé[1]. »

« Eh bien, je veux le prendre vivant et l’amener devant son excellence qui le relâchera, si bon lui semble. » « Ah ! s’écria le héros avec colère, j’ai bien peur que tu ne sois au-dessous d’un pareil exploit ! » Et il s’élança sur son adversaire qui se précipitait à sa rencontre. La lutte se prolongeait, quand une seconde fois un cavalier parut qui disait à haute voix  : « Cessez le combat ! »

Ils s’éloignent l’un de l’autre  : « Quel sujet vous amène ? » demanda Héou-Tun. — La réponse de cet envoyé fut à peu près la même que celle de celui qui l’avait précédé. — « Son excellence sait-elle que cet homme a tué les commandants des passages tout le long de son chemin, dit encore Héou-Tun ! Non ! — Eh bien, je ne le laisserai pas s’en aller ainsi !… »

Dix fois encore ils s’attaquent ; un troisième émissaire survient qui les sépare[2]. « Son excellence vous envoie-t-elle ici pour saisir Yun-Tchang, demanda Héou-Tun ? — Non, reprit l’officier ; je suis le troisième émissaire que son excellence a fait partir pour empêcher qu’on arrête ce général sur sa route et pour lui remettre un laisser-passer… — Oh ! reprit Héou-Tun, le ministre ne sait pas quels meurtres cet homme a commis ! » Aussitôt il ordonna à ses soldats de se serrer autour du héros et de l’envelopper de toutes parts ! Ceux-ci obéirent ; mais Yun-Tchang, sans éprouver la moindre crainte, rompit leurs lignes

  1. L’édition in-18 fait l’observation suivante  : « La première fois, quand Yun-Tchang décapita le commandant d’un passage, il y a tout lieu de croire que des émissaires partirent au galop vers la capitale pour en avertir TsaoTsao ; et cinq commandants auraient ainsi succombé sous les coups du fugitif, sans que le premier ministre l’eût appris ?.. Quand l’envoyé répond  : « Pas encore, » c’est d’après les propres instructions du ministre, qui craignait, s’il laissait partir Yun-Tchang librement après avoir eu connaissance deses actes violents, de passer pour agir d’une façon trop contraire aux idées reçues.
  2. Ces passages ont été un peu abrégés ; les répétitions qui plaisent assez aux écrivains orientaux n’étant pas trop du goût des lecteurs européens.