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pour leur dire de prendre en main leurs poignards. Bientôt entra le commandant Pien-Hy, qui l'invita à passer au réfectoire où le repas l'attendait.

Yun-Tchang remarqua, derrière les tentures de la muraille, une grande quantité d'hommes rangés en lignes et armés de sabres : « Commandant, dit-il à Pien-Hy, en m'invitant à ce repas, vos intentions sont-elles loyales ? »

« Oserais-je ne pas vous traiter avec les plus grands égards ! »

« Je vous avais pris pour un homme de bien, reprit Yun-Tchang en faisant paraître sa colère, pourquoi agissez-vous de la sorte ?... »

Comprenant que ses desseins étaient dévoilés, le commandant cria aux soldats de frapper. Les plus hardis d'entre eux firent un pas en avant, mais ils tombèrent sous les coups du héros. Pien-Hy prit la fuite ; comme il s'était secrètement muni de son fléau de fer, il essaya d'en porter des coups à Yun-Tchang qui, abandonnant le sabre de bataille pour prendre un grand couteau, le poursuivit, écarta son arme avec le dos de sa lame et l'étendit mort. Tout à coup il vit le chariot des deux dames entouré de soldats qui l'arrêtaient. Mais à peine eut-il paru, que ces brigands se dispersèrent ; il les chassa et les frappa à outrance.

« Sans vous, docteur, dit-il alors au vieux bonze en lui témoignant sa reconnaissance, sans vous je périssais sous les coups de ce traître ! — Et comme il allait prendre congé, le vieillard répliqua  : — Cet endroit n'est plus habitable pour le pauvre religieux ; le sac sur l'épaule, l'écuelle à la main, il va partir en mendiant. Un jour nous nous retrouverons, général, soyez heureux ! »

Le héros escortant le petit char, se dirigea vers le passage de Yong-Yang, commandé par Tchang-Ky ; ce dernier était parent de Han-Fou (décapité quelques jours auparavant par Yun-Tchang) ; aussi des gens de la famille de ce mandarin lui avaient-ils annoncé l'arrivée du fugitif. Il posta devant le passage des soldats en sentinelles, et lui-même avec un visage riant, il se présenta au-devant de Yun-Tchang. « Je vais rejoindre mon frère aîné, dit le héros. — Bien, reprit le mandarin ; puisque votre