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chevaux de frise, une fois que le fugitif s’y serait engagé. Lui-même, il irait l’attaquer avec ses propres soldats ; pendant ce temps-la, Han-Fou, placé sur une hauteur, le ferait assaillir à coups de flèches par ses troupes embusquées à ses côtés ; et si par bonheur Yun-Tchang était renversé de cheval, ils le prendraient vivant pour le conduire à la capitale, où certainement ils obtiendraient une belle récompense… Au même instant, on annonce que le héros s’avance avec le char.

Han-Fou va s’établir en avant avec mille hommes rangés en lignes ; comme ce passage commandait l’entrée d’une plaine, on y arrêtait les voyageurs le jour comme la nuit, afin de les questionner et de découvrir qui ils étaient. Sur les murs flottent des étendards, les piques et les cimeterres brillent de tous côtés. Yun-Tchangvoit ces préparatifs de défense ; déja Han-Fou fouette son cheval en criant : « Qui va la ? » Le héros s’incline sur sa selle et répond : « Kouan-Yun-Tchang, prince de Chéou-Ting, qui demande passage ! »

« Avez-vous un permis du premier ministre ? »

« Je suis parti trop précipitamment pour lui en demander un ! »

« Nous avons reçu de son excellence l’ordre de garder attentivement l’ancienne capitale, de surveiller tous ceux qui passent. Si vous n’avez pas de permis, c’est que vous fuyez !... — J’ai déjà tué le commandant de l’autre passage, s’écria Yun-Tchang avec colère ; si vous m’arrêtez, le même sort vous menace ! »

A ces mots, Han-Fou lança sur lui l’officier Meng-Wan qui, le sabre au poing, courut à sa rencontre. Yun-Tchang, après avoir mis le char en sûreté, fouette son cheval. A la troisième attaque, Meng-Wan tourne bride pour l’attirer sur ses pas ; mais il oubliait quel coursier incomparable montait son adversaire. Avec cet animal qui semble avoir des ailes, le héros est bientôt sur les talons du fuyard ; il le serre de près, l’atteint et le coupe en deux.

Après cet exploit, Yun-Tchang revenait en arrière, quand Han-Fou, caché le long du rempart au-dessus des portes, décochant des flèches sur lui, le frappe au bras gauche. Il arrache avec sa bouche le trait de sa blessure d’où le sang coule en