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besoin de courir de nouveaux hasards ? — Si je restais plus longtemps oisif, répartit le héros, je tomberais malade ; laissez-moi faire cette campagne ! » Le premier ministre applaudissant à son ardeur, choisit cinquante mille hommes qu’il mit sous ses ordres ; il lui donna pour lieutenants Yu-Kin et Yo-Tsin : dès le lendemain la petite armée fut en marche.

« Yun-Tchang songe toujours à s’en aller vers son frère d’adoption, dit Sun-Yo ; s’il sait où le trouver, soyez-en sûr, il courra vers lui ; ainsi, ne le laissez pas partir, ce n’est pas prudent. — Pour cette fois, répliqua Tsao, je lui permets encore d’acquérir des mérites, mais ce sera la dernière… » Et Yun-Tchang, marchant vers le pays de Jou-Nan, ne tarda pas à rencontrer les rebelles.


II[1]


Il venait de camper ; cette même nuit les soldats qui faisaient patrouille hors des retranchements, lui amenèrent deux hommes rencontrés dans le voisinage[2]. Yun-Tchang, à la lueur du flambeau qui l’éclairait, reconnut Sun-Kien ; aussitôt criant aux gens de sa suite de se retirer, il demanda à son ami où se trouvait Hiuen-Té, dont il n’avait pas entendu parler une seule fois depuis leur séparation.

« Après le désastre de Su-Tchéou, répondit Sun-Kien, je me suis jeté dans le Jou-Nan, où par bonheur j’ai rencontré le chef de ceux que vous venez combattre (Liéou-Py). Mais bientôt j’ai appris que notre maître était auprès de Youen-Chao, et malgré mon grand désir de le rejoindre, je ne sais comment faire. Liéou-Py (que je sers maintenant) et son collègue Kong-Tou, se sont

  1. Vol. II, livre VI, chap. II, page 14 du texte chinois.
  2. Littéralement  : deux espions ; c'est-à-dire des hommes qui erraient autour du camp afin de se faire arrêter comme espions et conduire auprès du général en chef. Sun-Kien, on se le rappelle, est un des conseillers militaires et des amis dévoués de Hiuen-Té ; après le désastre de Su-Tchéou, chacun s'était enfui au hasard ; maintenant l'auteur se plaît à réunir ces guerriers dispersés.