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assis, témoigna de nouveau a Youen-Chao son désir de reconnaître le généreux accueil qu’il avait reçu de lui. Il proposa donc d’envoyer près de Yun-Tchang un de ses amis intimes chargé de lui remettre une lettre, et de lui faire savoir ce qu’il était devenu. Le héros ne manquerait pas d’arriver au plus vite pour prêter à Youen-Chao le secours de son bras ; il serait prêt même à tuer Tsao-Tsao, afin d’effacer le souvenir fâcheux de ses précédents exploits.

« Si j’avais à mon service Yun-Tchang, répliqua Youen-Chao avec joie, je ne regretterais plus les deux généraux qu’il m’a tués !… » Ils écrivent donc la lettre de concert ; seulement, personne ne se présentait par qui on pût l’envoyer. Youen-Chao avait fait reculer ses troupes jusqu’a Wou-Yang, où elles campèrent par divisions, occupant l’espace de plus d’une lieue. De son côté, Tsao avait ordonné à Hia-Héou-Tun de garder le passage du fleuve, tandis que lui-même il revenait a la capitale. Là, dans un banquet solennel où tous les mandarins se trouvaient réunis, il célébra les hauts faits de Yun-Tchang. « Ces jours derniers, dit-il à Liu-Kien, quand j’ai placé les convois en tête de l’armée, je tendais un appât à l’ennemi, et Sun-Yéou est le seul qui ait compris ma pensée ! »

Tous les convives admirèrent les ressources de son esprit, et comme le repas finissait, des courriers vinrent dire que du côté de Jou-Nan, des Bonnets-Jaunes[1] commandés par Liéou-Py et Kong-Tou, commettaient toute sorte de brigandages. Tsao-Hong (parent du premier ministre, et qui commandait cette province), les ayant attaqués sans succès, demandait qu’on lui envoyât de bonnes troupes pour les réduire. A cette nouvelle, Yun-Tchang se leva et demanda la permission de faire briller son zèle et son dévouement en détruisant ces rebelles.

« Général, répondit Tsao, vous avez acquis des mérites extraordinaires qui ne sont point encore récompensés ; qu’avez-vous

  1. C’est par souvenir des Bonnets-Jaunes (dont la révolte a été racontée dans le premier volume), que les rebelles étaient désignés à cette époque par ce nom trop fameux. — Il ne faut pas confondre ce rebelle Liéou-Py avec Liéou-Pey-Hiuen Té. Voir plus haut, page 61.