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arrête !  !  ! » Dès qu’il se voit poursuivi par ces deux adversaires, Wen-Tchéou saisissant son arc, décoche contre le premier une flèche qui enlève la touffe de soie, ornement de son casque ; puis comme Tchang-Liéao le poursuivait toujours, et se trouvait en côté, il lui tire une seconde flèche qui atteint le cheval à la mâchoire ; l’animal tombe et le cavalier roule à terre avec lui.

Débarrassé de ce premier ennemi, Wen-Tchéou fouette son coursier et fuit en avant ; tout à coup Su-Hwang l’arrête ; trente fois ils luttent avec acharnement… Mais Tchang-Liéao est loin derrière ; les troupes de Wen-Tchéou se rallient et arrivent sur les pas de leur chef ; Su-Hwang, à cette vue, tourne bride et revient en arrière au galop.

Après ce combat, Wen-Tchéou continuait sa route le long du fleuve, quand à ses yeux parut un groupe de dix cavaliers portant une bannière ; à leur tête se montrait un général armé du cimeterre recourbé ; c’était Kouan-K’un-Tchang, prince de Chéou-Ting, serviteur des Han ; il criait à haute voix : « Arrête-toi, brigand, ne fuis pas !... » Il a bientôt abordé Wen-Tchéou, qui, après une ou deux attaques, ne se sentant plus de cœur à combattre, fuit précipitamment ; mais grâce à son coursier pareil à un dragon, capable de parcourir cent lieues en un jour, Yun-Tchang l’atteint et l’abat d’un coup de cimeterre.

Du haut de la colline, Tsao-Tsao a vu tomber le chef ennemi : de toutes parts il lance des soldats contre ceux de l’armée adverse qu’ils culbutent ; les chariots, les bagages, les chevaux sont repris. Accompagné de ses fidèles cavaliers, Yun-Tchang fait à droite et à gauche des trouées profondes ; mais voici que Hiuen-Té, à la tête de ses trente mille hommes d’arrière-garde, arrive sur les lieux. Les éclaireurs lui ont dit que cette fois encore le même héros au visage rouge, à la longue barbe, a décidé de la victoire et décapité le général en chef. À ces mots, Hiuen-Té singulièrement ému, se précipite en avant et regarde. Sur le bord du fleuve, un groupe de combattants passait avec la rapidité de l’oiseau : « Il est la, il est la, » crient les soldats en montrant du doigt cette petite troupe… Hiuen-Té distingue à travers un nuage de poussière, un étendard sur lequel sont peints ces mots :