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— Mon compagnon a été tué, répliqua un autre officier du nom de Wey-Sou ; laissez-moi aller le venger. » Tsao y consent ; le guerrier s’élance armé de sa pique ; au premier choc, sa tête roule dans la poussière.

« Qui donc osera lui résister ? » demanda Tsao ; Su-Hwang s’offrit. Vingt fois il croisa le fer avec Yen-Léang, puis il rentra vaincu au milieu des rangs. Chefs et soldats étaient frappés de stupeur ; Tsao donna le signal de la retraite, tout attristé de la perte de ses généraux ; de son côté le vainqueur avait emmené ses troupes en arrière.

« Je connais bien un homme qui pourrait affronter ce terrible adversaire, dit Sun-Yo. — Quel est-il, demanda le premier ministre ? — Yun-Tchang et nul autre. — Je crains de lui fournir une occasion de me rendre un service (et par suite un prétexte de me quitter) ! — Votre excellence tient beaucoup à ce héros et craint de le perdre ! pourquoi ne pas mettre aux prises ces deux champions ? Si Yun-Tchang est victorieux, vous vous l’attachez par de grandes récompenses ; s’il périt dans le combat, vous êtes débarrassé de l’inquiétude qu’il vous cause ! »

Tsao approuva le conseil ; il envoya chercher Yun-Tchang qui, plein de joie de se voir appelé, alla faire ses adieux aux deux femmes de Hiuen-Té. Elles lui recommandèrent de tâcher d’avoir des nouvelles de leur époux : « C’est la seule chose qui m’occupe, répondit-il, je pars au plus vite ! » Il s’éloigna donc monté sur le Lièvre-Rouge, tenant en main son glaive fameux nommé le dragon vert. A la tête de ses anciens compagnons, il arrive devant la ville de Pé-Ma ; Tsao qu’il va saluer, lui explique quels graves événements se sont passés, comment après la défaite de tant de généraux, il désirait s’entretenir avec lui sur le moyen de triompher de Yen-Léang. « Bien, répliqua Yun-Tchang, laissez-moi aller examiner l’attitude et les forces de l’ennemi. »

Déja Tsao lui a présenté la coupe de vin, et dès qu’on annonce l’approche de Yen-Léang, il emmène Yun-Tchang sur la montagne pour observer les mouvements de son adversaire. Ils étaient assis tous les deux sur la hauteur ; les officiers se tenaient debout autour de Tsao qui montrait du doigt au héros les bataillons de