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haute position ; si nous sommes vaincus, je périrai avec les autres ! » Et il partit accompagné des larmes de tous ceux qui l’écoutaient.

Par ordre de Youen-Chao, le général de première classe Yen-Léang dut aller, avec l’avant-garde, s’emparer de la ville de Pé-Ma. C’était un guerrier très brave, mais à vues étroites, auquel Tsou-Chéou ne jugeait pas sage de confier, sans contrôle, un pareil commandement. « En vérité, répliqua Youen-Chao, il sied bien à un homme de votre trempe de juger le premier d’entre mes généraux ! » Le principal corps d’armée marcha donc vers Ly-Yang. Liéou-Yen, qui commandait (pour l’Empereur) les provinces de l’est, annonça à la capitale la nouvelle de ce mouvement. A l’instant même, Tsao s’occupa d’être prêt à se porter de ce côté, et Yun-Tchang, informé qu’un corps ennemi menaçait la ville de Pé-Ma, se sentit le désir de l’aller combattre.

Il se rendit donc près du premier ministre, et lui demanda la permission de faire partie de l’avant-garde, pour trouver l’occasion d’acquérir des mérites, et par la de s’acquitter envers lui. Tsao répondit qu’il n’osait pas abuser de son zèle en l’envoyant si loin ; qu’il préférait l’emmener avec lui, son départ d’ailleurs étant très prochain. Là-dessus le héros se retira ; cent cinquante mille hommes, divisés en trois corps d’armées, marchèrent en effet sous la conduite de Tsao lui-même ; le gouverueur LiéouYen dépêchait courrier sur courrier.

Le premier soin de Tsao fut de se diriger avec cinquante mille hommes sur la ville de Pé-Ma. Arrivé près d’une montagne, il s’arrête et promène au loin ses regards. Devant lui, dans la plaine, sont rangés les cent mille soldats composant l’avant-garde commandée par Yen-Léang. Cette vue trouble le puissant ministre ; il n’ose attaquer. Yen-Léang qui l’a vu, s’élance au galop, et Tsao se détournant vers un ancien officier de Liu-Pou, nommé Song-Hien, debout à ses côtés, lui dit : « Vous étiez, si je suis bien informé, un des braves de l’armée de Liu-Pou ; que n’abordez-vous ce général ? » Flatté de cette distinction, Song-Hien saisit sa lance, monte à cheval et part... Mais après trois attaques, il tombe mort devant les lignes.

« Voila un terrible adversaire ! s’écria Tsao épouvanté...