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n’ait péri dans le désastre de son armée ! Rassurez-vous ; que tout reste bien établi ainsi qu’il est convenu. »

Yun-Tchang témoigna sa reconnaissance à Tsao, qui célébra un magnifique festin en son honneur. Le lendemain, l’armée victorieuse s’était mise en marche pour revenir dans la capitale ; le premier ministre fit partir une division en avant. Un char fut préparé par Yun-Tchang, qui pria les deux femmes d’y prendre place, et les escorta lui-même avec ses propres troupes. Par ordre de Tsao, des émissaires avaient été chargés de veiller à ce que la nourriture et tout ce dont elles auraient besoin ne leur manquassent pas sur la route. Enfin, après avoir atteint la capitale, chacun des corps de l’armée retourna à son camp.

Un palais avait été assigné pour résidence à Yun-Tchang, conformément aux volontés du premier ministre ; le héros le sépara en deux corps de logis. Devant les portes des appartements réservés, dix vieux soldats de sa division faisaient la garde ; lui-même, il s’établit dans la partie la plus avancée de l’édifice[1]. Tsao le présenta à l’Empereur ; le jeune prince ordonna à son ministre de lui donner un grade supérieur ; celui de général en campagne lui fut aussitôt accordé, et il se retira après avoir témoigné au souverain toute sa gratitude. Le lendemain, Tsao convoqua tous les mandarins civils et militaires à un festin, dans lequel Yun-Tchang occupa la place d’honneur : après la fête, il lui envoya en présent cent pièces d’étoffes précieuses de toutes couleurs, des vases d’or et d’argent ; riches cadeaux que celui-ci remit aux femmes de son frère adoptif.

Depuis qu’il était dans la capitale, Yun-Tchang recevait du premier ministre les plus remarquables politesses ; au troisième jour, c’était un simple repas, au cinquième, un festin d’honneur. Quand il montait à cheval et quand il mettait pied à terre, de l’or et de l’argent lui étaient accordés ; dix charmantes filles lui furent aussi envoyées pour le servir. Il ne voulut rien accepter ; les belles esclaves, il se hâta de les abandonner aux deux femmes

  1. C’est-à-dire qu’il logea les deux femmes de Hiuen-Té dans le corps de logis le plus reculé, et s’établit dans le plus avancé.