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Ce Yun-Tchang est un héros, un brave par-dessus tous les autres, répliqua Tsao ; je l’aime et je voudrais l’avoir pour tirer parti de ses talents militaires. — D’après ce que je sais de lui, dit Kouo-Kia, il ne reconnaît rien au-dessus de la fidélité à ses engagements ; j’en suis sûr, il ne se soumettra jamais. Si on lui envoie un parlementaire, il le tuera, je le crains ! Serrons-le d’abord de près ; quand il se verra réduit à la dernière extrémité, la nécessité le forcera à accepter vos offres ! — Et moi, s’écria une voix, je suis depuis bien des années intimement lié avec lui ; qu’on me laisse aller dans la ville lui dire quelques bonnes paroles. »

C’était Tchang-Liéao (surnommé Wen-Youen) qui parlait ainsi, comme le reconnut toute l’assemblée. « Ne vous fiez pas à cette amitié qui vous lie avec Yun-Tchang, dit Tching-Yu ; ce n’est point, si je ne me trompe, un homme avec qui l’on puisse discuter… Voici mon plan : Quand Yun-Tchang ne pourra plus ni avancer ni reculer, il sera temps d’employer ces moyens de conciliation ; et alors aussi le guerrier viendra par force se soumettre à votre excellence. »


II[1].


Cependant, Yun-Tchang tenait sous sa protection les deux femmes de Hiuen-Té, enfermées avec lui dans la ville de Hia-Py qu’il défendait.

Tsao reprocha vivement à Tchin-Kouey d’avoir été, ainsi que son père, l’auteur du meurtre de Tché-Tchéou[2], et l’invita à se justifier de ce crime ; le mandarin s’étant excusé de toutes ses forces, aucun châtiment ne l’atteignit. La délibération recommenca donc sur la meilleure manière de réduire la ville assiégée, et Tching-Yu reprit[3] : « Yun-Tchang est un héros capable de résister à une armée. Dans la circonstance présente, la confiance que lui a témoignée Hiuen-Té (en lui remettant la garde de

  1. Vol. II, livre V, chap. IX, page 95 du texte chinois-mandchou.
  2. Voir plus haut, page 135.
  3. L’édition in-18 a supprimé, comme étant un hors-d’œuvre, ce double alinéa qui interrompt le discours de Tching-Yu.