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la figure. Voyant qu’il ne pouvait tirer du patient aucun aveu, Tsao ordonna de le remmener en prison ; lui-même il sortit et envoya dire aux conviés de s’en retourner chez eux ; à l’exception des quatre conjurés (Wang-Tsé-Fou, Ou-Tsé-Lan, Ou-Tchu, Tchong-Tsy) qui, tout épouvantés, restèrent là comme des corps dont l’âme s’est échappée.

Tsao-Tsao leur dit : « Si je vous ai priés de demeurer, c’est que j’ai à vous interroger tous les quatre sur une affaire particulière. Peut-on savoir sur quoi vous avez délibéré en compagnie de Tong-Tching ? — Nous n’étions réunis que pour des visites de politesse, dit Wang-Tsé ; rien de sérieux ne nous a occupés. — Et certain morceau de gaze blanche sur laquelle il y avait quelques lignes écrites, qu’était-ce ? — Nous l’ignorons, » répondirent les conjurés. À ces mots le premier ministre fit entrer le délateur.

« Où nous as-tu vus, lui demanda Wang-Tsé. — Vous étiez six en tel endroit, répliqua l’esclave ; vous avez fait retirer tout le monde, et rassemblés en un même lieu, vous avez écrit je ne sais quoi ! »

Wang-Tsé s’écria qu’on ne devait point recevoir le témoignage de ce misérable esclave de Tong-Tching, qui se vengeait par des calomnies d’un châtiment mérité… « Le médecin a tenté de m’empoisonner, reprit Tsao, et si Tong-Tching n’est pas l’âme de ce complot, qui sera-ce donc ? » Les conjurés protestèrent qu’ils ne savaient rien. « Pour aujourd’hui, ajouta Tsao, je veux bien prendre patience, mais si les preuves se découvrent, il me sera difficile de vous faire grâce ! »

Ils persistèrent dans leurs dénégations ; sur un ordre du premier ministre on les emmena en prison, et le lendemain mille hommes cernèrent l’hôtel de Tong-Tching. C’était Tsao qui venait s’informer de sa santé ; il se hâta donc d’aller le recevoir. « Pourquoi n’avez-vous pas paru au banquet d’hier, lui demanda le ministre ? — Une indisposition m’en a empêché… — Et cette indisposition était causée par les inquiétudes que vous ressentez pour la dynastie ? » Tong-Tching tremblait de peur ; Tsao s’assit et continua : « Oncle de Sa Majesté, vous connaissez l’affaire