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de ses servantes (du nom de Yun-Yng). Outré de colère, il ordonne de prendre le coupable et crie qu’on le mette a mort. Sa femme légitime obtient qu’il soit fait grâce à l’esclave ; quarante coups de bâton lui sont appliqués, après quoi il est chargé de fers et jeté dans un appartement inhabité. L’esclave, exaspéré contre son maître, brise ses chaînes pendant la nuit, saute par-dessus les murailles et va chercher un refuge dans l’hôtel de Tsao, annonçant qu’il a des révélations à lui faire.

Tsao ordonne qu’il soit introduit ; le fugitif raconte que « six personnes (dont il cite les noms) se réunissent chez son maître et y tiennent conseil ; dans ce conciliabule, il n’est question d’autre chose que d’attenter aux jours de son excellence. On y a montré un morceau de gaze blanche sur lequel sont tracés des caractères dont le sens lui est inconnu. La veille, le médecin Ky-Ting a fait un serment terrible… » Après [1] cette dénonciation, Tsao garde l’esclave, le cache dans son palais, et dès le lendemain appelle le médecin en disant qu’il souffre de ses vapeurs. « Brigand, pensa le docteur, ta dernière heure est venue !… » Et il se rend au palais, muni d’un peu de poison qu’il tient caché ; Tsao-Tsao l’attendait, couché sur son lit. « Seigneur, dit le médecin après avoir fait chauffer une potion, il faut boire ce breuvage et vous serez soulagé. » Tout en parlant ainsi, il présentait au premier ministre la coupe fumante dans laquelle il venait de jeter la substance qui devait causer la mort.

Ce breuvage, qu’il savait être empoisonné, Tsao ne se pressait pas de le boire : « Buvez-le pendant qu’il est chaud, dit le médecin ; une gorgée vous rendra la santé ! — Docteur, répliqua Tsao en se relevant, vous êtes lettré, et sans aucun doute, versé dans la connaissance des rites et des devoirs. — Très certainement, dit Ky-Ping. — Eh bien, il est écrit quelque part : Quand le prince malade doit prendre une potion, le médecin est obligé de la goûter le premier. Si un père malade se trouve dans le même

  1. Dans l’édition in-18, on trouve cette note : Au livre X, la conjuration de Ma-Teng est dévoilée par un esclave, et la même circonstance se trouve ici ; dans le premier cas, la dénonciation est abrégée ; dans le second, elle se fait plus en détail. C’est le même fait, seulement les noms sont changés.