Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 2, Duprat, 1851.djvu/173

Cette page n’a pas encore été corrigée

petits chiens. Hia-Héou-Tun, que vous appelez l’ordonnateur de votre armée, et votre parent Tsao-Tsé-Hiao, dont vous faites votre trésorier en chef, ainsi que les autres, sont des porte-manteaux à suspendre des habits, des poches à renfermer le grain, des vases à vin, des sacs à viande [1]. »

« Mais, s’écria Tsao furieux, quelles sont donc vos capacités à vous ? »

Le philosophe répondit : « De tous les livres qui traitent d’astrologie et de magie, il n’y en a pas un que je ne connaisse à fond ! Les neuf écoles de philosophie, les trois religions sont ma partie spéciale. D’un côté, je m’élève aussi haut que les saints empereurs Yao et Chun ; de l’autre, j’égale en mérite Kong-Fou-Tsé et Yen-Tsé [2] ! Je renferme en moi l’art de gouverner l’Empire et de maintenir le peuple dans la paix. Doit-on me comparer ces gens vulgaires que vous avez cités ? »

Tchang-Liéao (qu’il avait déclaré bon à battre le tambour) était là près de lui, et il allait le décapiter d’un coup de sabre. « Ne le tuez pas ! s’écria Tsao ; il me manque un timbalier, et cet homme se tiendra soir et matin au palais pendant le repas, pour remplir cet office. » Ni-Nang ne refusa pas cet emploi ; mais Kong-Yong (qui l’avait présenté au premier ministre) se retira aussi honteux qu’irrité.

Tchang-Liéao demanda au premier ministre pourquoi il ne lui avait pas permis de tuer ce misérable, cet insolent. « Cet homme jouit d’une réputation usurpée, répondit Tsao ; si je le mets à mort, on dira dans le monde que je suis jaloux des gens de mérite.

  1. Cette boutade du Diogène chinois, se plaignant de ne pas trouver un homme, doit plaire aux lettrés du céleste Empire plus qu’au lecteur européen. L’édition in-18 a donné ce chapitre en entier ; si nous le traduisons intégralement, c’est dans l’intention d’aider les personnes qui auraient la curiosité de lire, dans le texte, ce long ouvrage, le mieux écrit de tous ceux que la Chine admire. Quand on fait passer dans une langue européenne, un texte oriental, on travaille surtout pour le studieux élève avide de traductions, de notes et d’éclaircissements.
  2. Il s’agit sans doute ici de Fou-Ché, surnommé Yen, qui commenta l’ouvrage de Pan-Kou, sur la création. Voir Mémoires sur les Chinois, vol. Ier, pages 135 et 296.