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« Je me rends à vos motifs, répliqua Tchang-Siéou ; amenez-moi l’envoyé ! » Hu-Hia présenta donc à son maître Liéou-Yé, qui fit les plus grands éloges du premier ministre, et donna à entendre que si ce dernier avait gardé quelque rancune d’une ancienne offense, il ne l’eût pas chargé de cette mission conciliatrice [1]. Là-dessus, on servit du vin en abondance ; et Tchang-Siéou, suivi de son conseiller, alla faire sa soumission.

Il se prosterna aux pieds de Tsao qui s’empressa de le relever, et lui prit les mains en disant : « Oublions à jamais une légère offense !… » Plusieurs jours se passèrent en festins ; après quoi Tchang-Siéou et Hia-Hu furent nommés l’un, général d’une division, l’autre, intendant du palais et chef de la police de la capitale.

Cependant l’autre émissaire envoyé (à King-Tchéou) vers Liéou-Piao, rapporta que ce seigneur hésitait à accepter les avances de la cour, et ne voulait pas se soumettre. Tchang-Siéou s’offrit de lui écrire quelques mots, qui lui seraient remis par un homme habile à manier la parole, promettant que cette démarche aurait un plein succès. « Chez moi, dit alors Kong-Yong, il y a un certain Ni-Hang (son surnom Tching-Ping, né à Ping-Youen), homme fort érudit, mais qui ne peut souffrir personne ; ses paroles blessent ceux à qui il s’adresse, et ce qui m’a empêché de le présenter à votre excellence, ça toujours été la crainte qu’il ne lui tînt des propos irrespectueux. Cependant, à cause de l’ancienne intimité qui le lie à Liéou-Piao, il serait utile de l’envoyer vers celui-ci en mission. »

Mandé à l’instant même, cet homme (étrange) parut, et fit les saluts d’usage ; mais comme Tsao ne daignait pas lui dire de s’asseoir, il leva les yeux au ciel en s’écriant : « Le ciel et la terre sont bien grands ; se peut-il donc qu’ils ne renferment pas un seul homme ? — Sous mes ordres, reprit Tsao, j’ai un certain nombre de mandarins, qui tous sont des personnages du premier mérite, qu’osez-vous dire ? »

  1. Pour obvier à la monotonie de ces dialogues, nous avons souvent remplacé le discours direct par la forme indirecte et narrative.