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résister. Notre véritable force, c’est Youen-Chao ; tant qu’il n’a pas remporté la victoire, je regarde comme téméraire de rien entreprendre contre le premier ministre. »

« Cependant, dit Yun-Tchang, nous ne devons pas attendre la mort sans rien faire ! Laissez-moi vérifier ce qui se passe dans le camp ennemi ! — Allez, vous, allez ; de votre part je ne crains pas d’imprudence, » répliqua Hiuen-Té ; et il lui confia trois mille hommes, avec lesquels celui-ci marcha contre Wang-Tchong. Ce dernier [1] s’avançait d’assez mauvaise grâce ; les deux armées se rangèrent en bataille dans une plaine couverte de neige. Le sabre au poing, Yun-Tchang pousse son cheval au galop, sort des lignes et apostrophe le chef ennemi. « Son excellence le premier ministre est ici, s’écrie Wang-Tchong, viens faire ta soumission ! — Dans ce cas, répliqua Yun, que son excellence paraisse hors des rangs ; j’ai deux mots à lui dire. — Sortir des bataillons pour causer avec un homme comme toi, reprit Wang-Tchong, ce serait une inconvenance.... »

À ces mots Yun-Tchang (comprenant que Tsao n’était pas là), se lance au galop tout en colère ; Wang-Tchong vole au-devant de lui la lance au poing ; les deux chevaux se rencontrent. Le premier des deux chefs tourne bride et fait semblant de fuir ; son adversaire se jette sur ses pas, et le poursuit jusqu’au penchant d’une colline. Là, Yun-Tchang pousse un grand cri, et s’arrête ; Wang-Tchong sentant qu’il ne peut lui tenir tête, recule au plus vite ; mais le héros brandissant de la main gauche son cimeterre, avec la droite saisit le fuyard par la ceinture de sa cuirasse, le place en travers sur sa selle et l’emporte.....

L’armée de Wang-Tchong, qui a vu enlever son chef, recule épouvantée ; celle de Yun-Tchang la chasse en avant et lui prend une centaine de chevaux. Le général captif fut donc amené vivant à Su-Tchéou. « Qui êtes-vous, lui demanda Hiuen-Té quand on le lui présenta, vous qui avez osé faire croire à la

  1. Il marchait à contre-cœur, parce que le sort l’avait désigné ; voir plus haut, page 143. L’édition in-18 rappelle au lecteur que ces événements se passaient au solstice d’hiver.