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Arrivés à dix mille de Su-Tchéou, les deux généraux[1] que nous avons vus marcher contre Hiuen-Té, avaient dressé leur camp, et déployé au centre la bannière de Tsao pour imposera l’ennemi ; mais ils se gardaient de combattre. Sur ces entrefaites, des éclaireurs envoyés vers la rive septentrionale du fleuve Ho, vinrent précipitamment leur annoncer qu’un exprès du premier ministre apportait un ordre tout contraire, celui d’attaquer la ville de Su-Tchéou. Là-dessus Liéou-Tay appela son collègue Wang-Tchong, et lui dit : « Son excellence fait attaquer Hiuen-Té dans sa ville, marchez en tête !... — Vous devez marcher avant moi, répondit Wang-Tchong ; son excellence a.... — Mais je suis le commandant en chef ! — C’est-à-dire que nous sommes égaux par le grade et par le rang, et nous devons marcher ensemble ! »

Comme ils se disputaient de cette façon, celui qui avait apporté l'ordre leur conseilla de tirer au sort. Ainsi firent-ils ; le nom de Wang-Tchong sortit le premier, et partageant l’armée en deux divisions, il s’avança vers Su-Tchéou.


II[2].


Cependant, Hiuen-Té renfermé à Su-Tchéou, étant instruit de la marche des généraux ennemis, fit appeler Tchin-Teng : « Mon allié Youen-Chao, lui dit-il, a bien cent mille hommes sous ses ordres, mais ils sont à Ly-Yang ; la discorde s’est mise parmi ses officiers, et il n’a pas fait un pas en avant. Je ne sais où est Tsao ! Sa bannière ne flotte point dans le camp de Ly-Yang, tandis qu’elle apparaît au milieu des tentes dressées ici près de la ville ; comment s’assurer de ce qu’il y a de vrai dans tout ceci ? — Tsao a bien des ruses à son service, répondit Tchin-Teng ; les opérations les plus importantes de cette campagne, se passeront sur la rive septentrionale du fleuve Ho ; c’est là qu’il doit être, et non, certainement, sous ces tentes que nous voyons là-bas. »

  1. Liéou-Tay et Wang-Tchong, que suivaient cinquante mille hommes ; ils campaient à une dizaine de milles de Su-Tchéou où se trouvait Hiuen-Té.
  2. Vol. II, livre V, chap. IV, page 38 du texte chinois-mandchou.