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fois plus fort que l’ennemi, entourez-le ; si vous êtes cinq fois plus fort, attaquez-le ; si de part et d’autre les forces sont égales, risquez le combat !.... Dans la circonstance actuelle, que les vaillantes troupes de votre seigneurie traversent le fleuve Ho, et battre Tsao-Tsao sera la chose la plus aisée. À quoi bon attendre, compter l’un après l’autre les jours et les mois ? Si l’on tarde, de plus grandes difficultés s’opposeront à la réussite de nos projets ! »

« Ramener la paix dans l’Empire troublé, reprit un autre mandarin du nom de Tsu-Chéou, et châtier les ambitieux, c’est se montrer fidèle à son prince ; s’appuyer sur la multitude, s’unir aux ambitieux, c’est mériter le titre de soldat hautain et superbe. Le général fidèle est sûr de vaincre ; l’autre est sûr de périr. Voici que Tsao a mené le souverain à Hu-Tou ; il l’y a établi ; lever des troupes aujourd’hui, ce serait manquer de fidélité à la dynastie et se déclarer rebelle ! Donc ce qu’il y a de mieux à faire, c’est de ne pas se ranger parmi les hautains et les ambitieux. Tsao a pour lui l’apparence de la légalité, ses troupes sont exercées, toutes choses qui manquaient à Kong-Sun-Tsan. Irez-vous abandonner une règle de conduite qui vous assure la paix, et entreprendre une guerre sans motif ? j’en gémirais pour notre maître..... »

Il fut interrompu par le conseiller Kouo-Tou, qui s’écria : « Non ! Jadis Wou-Wang [1] attaqua et détruisit Chéou-Sin ; cependant ce ne fut qu’au nom de la justice qu’il prit les armes. Celui qui ayant sous lui des troupes aguerries, des capitaines intrépides, ne saisit pas l’occasion favorable de fonder sa puissance ; celui-là, comme on dit, refuse ce que le ciel lui donne et ne trouve plus que le malheur ! Ce fut ainsi que le royaume de Youe devint

  1. Il s’agit du fondateur de la dynastie des Tchéou, surnommé WouWang, l’Empereur guerrier, qui détruisit le dernier des Yn, Chéou-Sin, et monta sur le trône l’an 1134 avant notre ère. Cette dissertation politique n’a rien d’amusant ; elle est écrite en style ancien, concis et difficile, tout à fût dans le goût des lettrés chinois, mais peu intelligible pour le commun des lecteurs ; la preuve, c’est que la petite édition in-18 l’a supprimée à peu près en entier.