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À l’instant même, le traître fit prier Hiuen-Té d’entrer dans la ville ; mais déjà Tchin-Teng était allé tout dévoiler à son père Tching-Kouey : « Hiuen-Té est plein d’humanité, répondit Kouey ; courez le prévenir du danger qui le menace », et Teng obéit à son père ; les deux frères d’armes du héros furent avertis de ce qu’ils avaient à faire.Tchang-Fey (toujours impétueux) voulait voler en avant et combattre ; Youen-Tchang l’arrêta : « Il y a des troupes embusquées hors de la ville, certainement nous serons repoussés. D’un autre côté, si Hiuen-Té sait ce qui se passe, il ne voudra ni entrer dans la ville, ni tuer le traître ; je sais un moyen...., le voici : La nuit venue, habillons-nous comme des soldats de Tsao ; arrivés dans la ville, nous prierons Tché-Tchéou de sortir avec nous, et à l’instant nous regorgerons. — Mais s’il ne se montre pas hors des murs......, que ferons-nous, dit Tchang-Fey ? — Dans ce cas, ayons recours à un autre stratagème ! » Ils armèrent leurs soldats comme ceux du premier ministre, et cette même nuit, a la troisième veille, ils vinrent crier qu’on leur ouvrît les portes. — « Qui va là, » demanda-t-on du haut des murs ? — Ils répondirent : « Soldats de Tchang-Wen-Youen, lieutenant de Tsao ! » On courut avertir le gouverneur, qui à son tour alla trouver Tchin-Teng et lui dit : « Si je ne vais pas au-devant d’eux, je crains que son excellence ne doute de mon zèle à remplir ses ordres ; si je sors des murs, n’ai-je point à redouter un piège ? »

Il monta donc sur les remparts et répondit : « Au milieu de l’obscurité, il est difficile de se bien reconnaître ; quand il fera jour, j’irai au-devant de vous. — Nous craignons que Hiuen-Té ne reçoive des avis secrets, répondirent d’en bas les soldats déguisés ; hâtez-vous de nous ouvrir les portes ! »

À la cinquième veille. Tché-Tchéou se revêtit de sa cuirasse, s’arma d’un couteau à forte lame, et sortit de la ville avec un millier d’hommes. Arrivé sur le pont-levis, il rangea ses troupes des deux côtés, demandant à haute voix : « Le général TchangWen-Youen, envoyé par son excellence, où est-il ? » A ces mots Yun-Tchang poussa son cheval en avant et répondit d’une voix tonnante : « Brigand, oses-tu bien nourrir le dessein d’assassiner