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trône feront place à la famille impériale chinoise aujourd’hui déchue (livre prohibé par la police du Céleste-Empire, mais lu avidement par les Chinois fidèles à leurs anciens princes), a pour auteur, dans l’esprit des peuples, ce même Tchu-Ko-Léang. Nous n’avons pas besoin d’ajouter que les prophéties de ce Tao-Ssé se sont vérifiées en ce qui regarde les dynasties précédentes ; de là l’importance qu’on y ajoute pour tout ce qui se rapporte à l’avenir. Telle est, du moins, la ferme croyance des populations du Céleste-Empire.

Ce second volume contient quatre livres, c’est-à-dire un de plus que le premier. Nous l’avons traduit avec une scrupuleuse exactitude ; il nous a semblé que resserrer le texte c’était, sans le vouloir peut-être, éluder les difficultés, et surtout risquer de rendre trop nue une histoire qui se recommande par le soin des détails. Lequel vaut le mieux, d’un arbre émondé, dépouillé de ses fleurs, arrêté dans tous les élans de sa sève, ou d’un autre arbre touffu, surchargé de feuillage, qui malgré l’opacité de ses rameaux laisse tomber encore assez de jour pour éclairer celui qui vient se reposer sous son ombre ? Si l’on coupait les bras symboliques que les idoles de l’Inde ont de trop, pour les réduire à deux, obtiendrait-on une statue parfaite, un objet d’art d’un goût irréprochable ? Les Chinois, on le sait, ignorent les règles de la perspective dans la littérature comme dans le dessin ; ils aiment à détailler les objets les plus lointains, les faits qu’un écrivain plus habile reléguerait au troisième plan. Prenons-les