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moi cinq cents cavaliers, et je vous l’amène ici, pieds et poings liés, lui et ses deux formidables amis ! »

Celui qui s’offrait pour accomplir ces grandes choses, c’était Hu-Tchu, commandant militaire de Hou-Pé ; le premier ministre s’empressa de mettre sous ses ordres les cinq cents hommes et il partit.


II.[1]


Cependant Yun-Tchang et Tchang-Fey marchaient toujours ; des qu’ils aperçurent la poussière soulevée derrière eux : « Frère, dirent-ils à Hiuen-Té, voilà certainement des troupes que Tsao envoie à notre poursuite ! » Ils dressèrent leur camp, et Hu-Tchu s’étant approché, Hiuen-Té lui demanda ce qu’il voulait.

« Son excellence, répondit le général, m’envoie tout exprès pour vous dire, qu’ayant à traiter en votre compagnie une importante affaire, il vous prie de retourner à la capitale. — Une fois qu’un chef d’armée est hors de la province où réside l’Empereur, dit Hiuen-Té, il n’écoute plus même les ordres de Sa Majesté[2], a plus forte raison, ce qu’un ministre peut avoir à lui dire ! Allez de ma part porter cette réponse à son excellence : Les deux conseillers Tching-Yu et Kouo-Kia, m’ont bien des fois demandé en présent de l’or et des étoffes précieuses, et parce que j’ai refusé de les satisfaire, ils m’ont calomnié auprès de leur maître ; voila pourquoi maintenant son excellence vous a lancé sur mes traces. Vous avez ordre de mettre la main sur moi, et moi, si je n’étais aussi humain que probe, je vous ferais hacher en pièces ! Mais non ; Tsao m’a comblé de bienfaits dont le souvenir ne s’est pas effacé de mon cœur. Allez donc vite, allez porter à son excellence des paroles de

  1. Vol. II, livre V, chap. II, page 19 du texte chinois-mandchou.
  2. L’édition in-18 dit que Hu-Tchu, voyant les troupes de Hiuen-Té rangées en bon ordre, et prêtes à résister, mit pied à terre et aborda poliment ce dernier. À propos de ce qui est exprimé ici sur l’indépendance des généraux en campagne, une fois arrivés hors des limites de la province où l’Empereur gouverne en personne, on peut consulter la note de la page 316, vol. Ier. Il y a ici seulement : Quand un général est sorti, c’est-à-dire quand il est devenu un général du dehors.