Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 2, Duprat, 1851.djvu/144

Cette page n’a pas encore été corrigée

il reprit : « Kong-Sun-Tsan, battu par Youen-Chao, s’était replié sur la ville de Ky-Tchéou ; sur les murs de terre à deux étages, il s’était construit une tour haute de cent pieds [1], et trois cents mille boisseaux de grains s’y trouvaient rassemblés ; il avait donc tout préparé pour se bien défendre. Malheureusement, dans une sortie, ses soldats furent entourés par les assiégeants ; le reste de l’armée demanda à voler à leur secours, et Kong-Sun-Tsan s’y refusa en disant que si l’on en agissait ainsi, les troupes a l’avenir, comptant sur un pareil appui, ne se battraient plus avec courage. Il résulta de là que ses soldats se soumirent pour la plupart à Youen-Chao ; Kong-Sun-Tsan voyant ses forces diminuées, voulut demander du secours à Tchang-Yen. Un feu allumé par celui-ci devait être le signal d’une attaque qu’il ferait du dehors contre les assiégeants, et à laquelle on répondrait du dedans par une sortie. L’envoyé chargé de porter cette lettre fut pris par les gens de Youen-Chao, qui s’empressa d’allumer le feu ; Kong-Sun-Tsan s’étant élancé hors des murs, les soldats embusqués à dessein se levèrent de toutes parts ; celui-ci, après avoir perdu la moitié de son monde, fut forcé de se retirer de nouveau dans la ville. Youen-Chao fit creuser un chemin souterrain, qui conduisit ses soldats au pied même de cette tour où se tenait Kong-Sun-Tsan. Le malheureux, ne sachant par où fuir, a commencé par égorger sa femme et ses enfants, puis il s’est pendu. Ses troupes ont passé à l’ennemi ; le jeune frère de Youen-Chao, Youen-Chu, établi dans le Hoay-Nan, s’y conduit avec hauteur et arrogance ; il s’aliène à la fois le peuple et l’armée ; tout le monde veut abandonner son parti. Ce que voyant, il s’est démis de son titre d’Empereur [2] en faveur de Youen-Chao. Celui-ci a envoyé chercher le sceau impérial ; il se décide à fonder son Empire au nord du fleuve Ho. Déjà Youen-Chu en personne s’avance pour le recevoir ; son intention est de quitter le Hoay-Nan et de soumettre la rive septentrionale du fleuve. Si ces deux frères

  1. Elle se nommait la tour Y-King-Léou ; mots que l’interprète mandchou déclare ne devoir pas être traduits. C’est plutôt un pavillon du genre de ceux que l’on élève sur les portes des villes.
  2. Voir plus haut, page 3.