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l’autre sut veiller à la défense de la dynastie, nourrir le peuple par sa prévoyance, et faire en sorte que jamais la solde ni les vivres ne manquassent aux armées. Aussi Kao-Tsou honora-t-il toujours leurs vertus. »

« Ah ! reprit l’Empereur, de pareils mandarins rendent de grands services à l’état ! Ils méritent qu’on leur offre des sacrifices[1] ! » Puis un coup d’œil jeté autour de lui l’ayant convaincu que ses serviteurs étaient loin, il dit mystérieusement à Tong-Tching : « Il faut que vous restiez désormais près de ma personne, que vous me rendiez des services, à l’exemple de ces deux ministres. »

« Votre sujet, sire, étant tout à fait dénué de mérite, n’est point digne de — Déjà vous avez acquis des titres à ma reconnaissance en me sauvant dans ma retraite vers les provinces de l’ouest[2] ; je n’en ai pas perdu le souvenir. Il n’a pas été en mon pouvoir de vous récompenser, mais prenez cette tunique et cette ceinture. Désormais, je veux que vous restiez auprès de ma personne.... » Et tout en passant autour de son corps la précieuse ceinture, l’Empereur lui dit à l’oreille : « Examinez ces objets bien attentivement ; et ne refusez point la mission que je vous confie ! » Tong-Tching s’était incliné jusqu’à terre ; revêtu de ces marques de dignité, il prit congé du jeune souverain.

Déjà cependant, des affidés du premier ministre étaient allés l’avertir que l’Empereur tenait une conférence avec Tong-Tching dans la galerie des portraits[3]. Aussitôt Tsao se rendit à la cour, et il y entrait au moment où l’oncle maternel du souverain sortait lui-même de la galerie. Ils se trouvèrent donc face à face à la porte ; ne pouvant éviter de passer devant Tsao-Tsao, Tong-Tching se rangea un peu et le salua avec une certaine émotion. « Oncle de l’Empereur, dit Tsao, vous ici ! d’où venez-vous ? — Sa Majesté ayant eu la bonté de m’appeler, par hasard, m’a fait présent de cette tunique et de cette ceinture ! »

  1. Ou plutôt, selon la version tartare : C’est bien justement qu’en les plaçant à côté des ancêtres, on leur rend les mêmes honneurs.
  2. Voir vol. Ier, page 232.
  3. Littéralement : des mandarins qui ont bien mérité.