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choix, suspendit à la selle un arc enrichi de sculptures[1], avec un carquois plein de flèches d’or, et sortit de la capitale au milieu de tout son cortège. Hiuen-Té, et un peu plus loin ses deux frères d’armes (Yun-Tchang et Tchang-Fey), portant un simple plastron sous la tunique, armés pour la chasse, marchaient derrière Sa Majesté ; ils menaient à leur suite chacun dix cavaliers. Il n’y avait personne dans la foule qui n’admirât la tournure martiale des deux héros, compagnons de Hiuen-Té. On voyait surtout Tsao-Tsao, monté sur un cheval aux crins jaunes, pareil à un dragon, vif et rapide en ses allures ; il emmenait sur ses pas cent mille hommes de guerre, et c’était ainsi qu’il accompagnait le jeune prince à cette partie de chasse. Le ministre (chevauchait presque côte à côte avec l’Empereur) ; il ne s’en fallait que d’une tête de cheval, qu’ils ne fussent sur la même ligne. Derrière lui se tenaient ses plus zélés partisans ; venaient ensuite, à grande distance, les autres mandarins échelonnés selon leur rang. Chacun avait au-dessus de sa flèche un petit étendard portant son nom (afin qu’on pût reconnaître celui qui frapperait l’animal).

« Mon oncle, dit le petit Empereur à Hiuen-Té[2], quand le cortège fut rendu sur le lieu de la chasse, je serai bien aise de vous voir percer de vos flèches quelque gibier ! » Hiuen-Té monta a cheval (il en était descendu par respect) sur l’ordre de l’Empereur, et tout à coup un lièvre partit devant lui du milieu des herbes : « Tirez, tirez ! » cria le jeune souverain ; et une flèche ayant percé le lièvre à la course, il applaudit à l’adresse du chasseur. Hiuen-Té se jeta à bas de son cheval pour s’incliner respectueusement devant l’Empereur ; puis il se remit en selle, et a quelque distance de là, comme le cortège traversait un coteau, un beau cerf accourut de ce côté.

  1. Il s’agit ici de flèches appelées en tartare nirou ; elles sont fort grandes et destinées à chasser la grosse bête. Le lieu de la chasse est désigné ici sous le nom de Hu-Tien, qui a été omis pour ne pas embarrasser le récit.
  2. L’auteur insiste sur le penchant que le jeune prince ressent pour Hiuen-Té, et sur la conduite irréprochable, toute soumise de celui-ci, avec l’intention de l’opposer aux façons arrogantes de Tsao-Tsao. Ces mots : quand le cortège fut rendu sur le lieu de la chasse, manquent dans le texte chinois, et se trouvent dans la version tartare.