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des vassaux, de régner enfin ? — Ces Han ont encore des partisans dévoués et en grand nombre, reprit Tsao ; gardons-nous de dévoiler prématurément de pareils desseins. Mon intention est de conduire le jeune prince à une partie de chasse, afin d’examiner les façons d’agir et d’étudier le caractère des grands de la cour. » Et le mandarin se retira en admirant les vues profondes du premier ministre.

Après avoir choisi d’excellents chevaux, des faucons de prix et de bons chiens, Tsao fit préparer des arcs, des flèches (tout ce qui était nécessaire pour une chasse de ce genre) ; hors des murs un corps de cavalerie légère avait été rassemblé. Quand le ministre le pria de se mêler à cette partie de plaisir, le jeune prince demanda avec une certaine inquiétude si, en se livrant à cette récréation, il ne blesserait pas les rites[1] ? — « Les anciens Empereurs, répondit Tsao, faisaient à chaque saison, quatre fois l'an, une grande chasse qui leur donnait le prétexte de montrer aux vassaux la majesté de leurs armées. Maintenant que l’Empire ne jouit, presque sur aucun point, d’une parfaite tranquillité, l’expédition à laquelle j’invite votre altesse, peut être avantageuse par quatre raisons. — 1° Si vous restez toujours au fond du palais, vos forces, votre énergie ne se développeront pas ; au contraire, l’exercice de l’équitation joint à celui de l’arc, contribuera à vous rendre fort et robuste. — 2° Ce sera une occasion de déployer à la face de l’Empire un appareil guerrier et imposant, qui inspire la crainte et le respect. — 3° Dans l’oisiveté, l’armée s’engourdit ; par suite de cette torpeur, elle dépérit ; en lui donnant du mouvement, on lui rend l’énergie et la santé. — 4° Enfin, depuis l’Empereur jusqu’aux vassaux, tous les grands personnages doivent savoir tirer de l’arc à cheval. »

Docile à ces instructions, l’Empereur monta sur un cheval de

  1. L’auteur chinois veut faire sentir combien Tsao tenait le jeune prince dans l’ignorance de l’antiquité ; comme on le sait, et comme ce ministre l’explique lui-même, les premiers Empereurs chassaient, ou au moins sous ce prétexte, parcouraient leurs états quatre fois par an. Voir Mémoires sur les Chinois, vol. Ier, et le Confucii Chi-King, édité par M. J. Mohl.