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CHAPITRE VII.


Complot contre Tsao-Tsao.


I.


[Règne de Hiao-Hien-Ty. Année 199 de J.-C. ] « Général vaincu, s’écria Tsao avec colère, oses-tu bien m’injurier ainsi ? » Et tirant le glaive du fourreau, il allait le tuer, quand Hiuen-Té arrêta son bras : « Cet homme est loyal et sincère, s’écria-t-il, laissez-le vivre[1] ! » — Et Yun-Tchang se précipita à genoux devant Tsao en disant : « C’est un guerrier fidèle et loyal ; je réponds de lui sur ma tête ! »

« Oui, répliqua Tsao remettant le sabre dans le fourreau[2] ; je sais que cet homme est fidèle et loyal ; je voulais rire ! » De sa propre main, il délia les liens du captif, le couvrit de ses vêtements et ajouta : « Eussiez-vous tué toute ma famille, je ne me souviendrais plus de rien ! » Tchang-Liéao fit sa soumission, dont

  1. Littéralement : a le cœur rouge. Cette expression rappelle un passage du livre de l’Histoire des Perses, par Aristide, où il est dit que le cœur de Léonidas était velu.
  2. Le surnom de Tchang-Liéao est Wen-Youen ; il avait formé un commencement de liaison avec Yun-Tchang, sous les murs de Hia-Pey ; voir plus haut, page 86. On a du remarquer cette puérile réponse que l’auteur chinois met parfois dans la bouche de ses héros. Quand ils reviennent d’un premier mouvement irréfléchi, ils disent comme des enfants : C’était pour rire ! A propos de la clémence de Tsao en cette occasion, l’édition in-18 donne les vers suivants :
    Liu-Pou demanda (lâchement) la vie, personne n’intercéda en sa faveur.
    Tchang-Liéao injuria (hardiment) Tsao en l’appelant bandit, et au contraire il eut la vie sauve.