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e mourir ! »

Celui qui parlait ainsi attira tous les regards ; c’était Tchang-Liéao. Déjà Liu-Pou venait d’être étranglé, et les exécuteurs présentaient sa tête à Tsao. Ceci se passa au douzième mois de la troisième année Kien-Ngan (198 de J.-C.)

« Je crois avoir vu quelque part ce visage, dit le ministre, en désignant du doigt Tchang-Liéao.— En effet, répondit celui-ci, nous nous sommes rencontrés à Pou-Yang[1] ; l’aviez-vous déjà oublié ? — Ah ! reprit Tsao avec un grand éclat de rire, et c’est vous qui me le rappelez ! — Hélas ! oui, et avec douleur ! — Pourquoi avec douleur ? — Parce que je regrette que l’incendie n’ait pas été plus complet. Si les flammes avaient gagné toute la ville, l’Empire eût été délivré du brigand qui l’opprime, et ce brigand, c’est vous[2] ! »

  1. Voir le siège et l’incendie de cette ville, vol. Ier, livre III, chap. II.
  2. L’édition in-18 cite des pièces de vers sur la mort de ces divers personnages. Voici ceux qui ont rapport à Tchin-Kong :
    À la vie et à la mort, il se montra inébranlable ; mais fut-il un héros ?
    Sans distinguer l’or de la pierre, il inutilisa des talents qui eussent fait de lui le soutien du trône.
    En servant l’Empereur, il se fut attiré le respect, mais hélas ! il refusa d’honorables emplois.
    Aussi, qui approuve la conduite de Tchin-Kong mourant de son plein gré au pavillon de Pé-Men ?


    Sur la mort de Liu-Pou, que Hiuen-Té ne secourut pas, on lit ceux-ci :

    L’homme dangereux, le tigre vorace, même enchaînés, n’excitent pas la pitié ; le sang des deux maîtres trahis et égorgés par Liu-Pou, était encore chaud.
    Hiuen-Té savait que ce monstre eût dévoré son propre père, aussi laissa-t-il la vengeance de Tsao avoir son cours.


    Enfin, dans les vers suivants, on trouve comme un résumé des dernières pages de ce chapitre :

    Les eaux débordées envahissaient la ville de Hia-Pey ; cette même année Liu-Pou fut fait prisonnier.
    En vain comptait il sur son infatigable coursier ; en vain s’appuyait-il follement sur sa lance célèbre !
    Le tigre enchaîné espérait en la clémence du vainqueur ; quelle faiblesse ! Tant que le faucon n’était pas rassasié, on ne l’avait pas craint.
    Épris de ses femmes, il négligea les avis de Tchin-Kong, et injuria méchamment Hiuen-Té, en le traitant d’ingrat et de niais aux grandes oreilles.