Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 2, Duprat, 1851.djvu/111

Cette page n’a pas encore été corrigée

Un ordre de Sa Majesté m’enjoint de châtier le rebelle Liu-Pou ; quiconque résistera à l’armée impériale, sera puni de mort avec toute sa famille. Tout homme, quel que soit son rang et de quelque classe qu’il soit, qui apportera la tête de Liu-Pou, recevra pour récompense un grade élevé dans l’armée, ou un emploi considérable dans l’administration civile, ainsi que de riches présents. » — Proclamation de Tsao, général en chef.

Le lendemain, en plein jour, les troupes impériales attaquent toutes à la fois. Liu-Pou troublé saisit précipitamment sa fameuse lance, monte sur les murs, les inspecte sur tous les points et adresse d’amers reproches à Oey-Siéou, de ce qu’il a laissé fuir Héou-Tching. Il se disposait même à le punir de mort ; mais les troupes impériales ont aperçu le drapeau blanc ; Tsao a fait avancer son monde, l’attaque se prolonge jusque vers midi, puis les assiégeants se retirent[1].

A ce moment, Liu-Pou prenait un peu de repos dans un pavillon situé au-dessus d’une des portes de la ville ; Hien écarte à grands coups les gardes qui l’entourent[2] et lui enlève sa lance ; Siéou, entrant à la même minute, se jette sur lui et le garrotte. Soudainement éveillé, Liu-Pou appelle du secours ; mais le second de ces deux traîtres se hâte d’agiter le drapeau blanc ; (un des lieutenants de Tsao) Héou-Youen s’avance au pied des remparts avec sa division. « Je le tiens, je l’ai pris vivant, » lui cria Siéou ! Comme Youen hésitait encore à en croire ses oreilles, Siéou jeta du haut des murs la lance bien connue de son maître ; les portes s’ouvrirent toutes grandes, et les troupes impériales pénétrèrent en masse dans la ville. Arrêtés à la porte de l’ouest par les eaux débordées qui les empêchaient de fuir, Kao-Chun et

  1. Ce premier signal était pour dire à Tsao d’approcher et de se tenir prêt.
  2. Il faut supposer que les gardes veillaient au bas de la porte, et non auprès de Liu-Pou. Dans l’édition in-18, il est dit qu’il sommeillait, que les deux traîtres le prirent endormi, de manière qu’en se sentant lié, il s’éveilla comme d’un rêve. En général, la petite édition développe ces détails de narration, que l’autre donne d’une façon plus concise.