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cent coups de bâton. » Les amis du coupable obtinrent qu’on lui fît grâce de la moitié de ce grave châtiment. De retour chez lui, Héou-Tching ne goûta plus ni vin ni viande, et les généraux se dirent : « Son cœur s’est éloigné de notre maître[1] ! »

Deux de ses collègues, Tsong-Hien et Oey-Siéou, étant allés le voir, il leur dit en versant des larmes abondantes : « Sans vous, j’étais mis à mort ! — Liu-Pou ne songe qu’à ses femmes et n’écoute qu’elles, dit Hien ; il nous traite comme l’herbe sèche qu’il foule aux pieds. »

« L’armée impériale nous tient étroitement bloqués, ajouta Siéou ; les eaux enveloppent la ville de toutes parts ; nous périrons sans même qu’il nous reste une sépulture ! — La porte de l’est se trouve encore à l’abri de l’inondation, interrompit Hien ; abandonnons un mauvais maître et fuyons ; qu’en dites-vous ? »

Siéou reprit : « Ce serait trop peu pour des hommes comme nous ; emparons-nous de la personne de Liu-Pou, livrons-le au premier ministre ; nous nous mettrons ainsi à l’abri des grands malheurs qui nous menacent. — C’est à propos de chevaux, dit a son tour Héou-Tching, que je me suis attiré ce châtiment ; ce qui fait la force de Liu-Pou, c’est son Lièvre-Rouge. Eh bien, je commencerai par le lui voler, ce fameux cheval, et j’irai avertir Tsao-Tsao, tandis que tous les deux, maîtres de la personne de Liu-Pou, vous livrerez les portes de la ville. »

Ainsi ils arrêtèrent les bases de leur complot. A la nuit, Héou-Tching s’approchant de l’écurie, trouve les palefreniers plongés dans le sommeil. Il vole le cheval célèbre, sort par la porte de l'est, que son ami Siéou le laisse franchir tout en feignant de le poursuivre, et arrive au camp de Tsao ; la il se présente devant ce dernier, et après lui avoir raconté tous les événements de la veille, il lui offre en présent le coursier qui l’apporte. Un drapeau blanc, planté sur les murs par ses deux complices, doit être le signal ; (Tsao n’a qu’à marcher et la ville lui sera livrée).

Aussitôt Tsao fit écrire dix copies de la proclamation suivante, qui furent lancées dans la ville avec des flèches : «

  1. L’édition in-18 fait remarquer en note que cet épisode rappelle celui du vol. Ier, page 256.