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mains de Tsao-Tsao, lui et les deux femmes de Hiuen-Té confiées à sa garde.

Impitoyable envers ceux qui conspirent dans l’ombre contre lui, Tsao-Tsao se montre toujours généreux envers ses ennemis, quand ils l’attaquent au grand jour. Il accueille avec des égards extraordinaires et comble de présents le général vaincu. Mais la magnanimité intéressée du ministre usurpateur s’éclipse devant la grandeur d’âme et l’héroïsme plus pur de Yun-Tchang. L’écrivain chinois a fait de ce dernier le type du chevalier sans peur et sans reproche. L’honneur au point de vue de l’occident, la fidélité au souverain, à sa parole, à ses devoirs, l’ensemble des vertus qui recommandent à la fois le citoyen et le guerrier, et qu’on peut réduire à deux, l’abnégation et le désintéressement : tels sont les traits distinctifs du caractère de ce héros. En toute occasion il parle et agit d’après les idées que nous appelons chevaleresques ; et ce n’est pas sans une surprise mêlée de plaisir que nous retrouvons, à l’extrémité du monde, au fond de l’Asie orientale, ces saines notions du juste et du vrai, mêlées à tous les scrupules de la morale chinoise. Nous insistons sur ce point, parce que dans les livres de l’Orient, ce qui importe surtout ce sont les idées. Si dans le double épisode de la soumission de Yun-Tchang et de son retour près de Hiuen-Té, on se bornait à voir une série d’aventures romanesques, on serait conduit à le juger trop sévèrement, et l’on se ferait du livre en lui-même une fausse idée. Mais qu’on se place au point de vue de l’auteur chinois ; que l’on