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CHAPITRE II.


Mort de l’empereur Ling-Ty ; massacre des eunuques.


I.[1]


[Année 184 de J.-C.] Cependant le pouvoir des eunuques allait croissant ; quiconque ne pliait pas devant eux était sacrifié ; deux des plus influents, Tchao-Tchong et Tchang-Jang, envoyèrent demander des présents aux généraux qui avaient triomphé de la rébellion des Bonnets-Jaunes, et ceux qui refusèrent d’acheter leurs bonnes grâces furent accusés et perdus. Hwang-Fou et Tchu-Tsuen se trouvèrent dans ce cas ; pour n’avoir pas voulu se soumettre à ces exigences, ils se virent dénoncés comme des généraux sans mérite et d’effrontés imposteurs au jeune monarque qui les destitua et conféra leurs grades militaires au calomniateur Tchao-Tchong. Tchang-Jang et treize autres de ces favoris obtinrent le titre de princes de second rang. Tchang-Ouen, directeur des travaux publics de l’Empire, fut nommé chef des gardes ; Tsouy-Lie, général de l’infanterie. Ils durent aux liaisons qu’ils avaient avec les dix eunuques, d’occuper les trois principales charges de l’État. Aussi Tchang-Kiu se révolta-t-il dans le pays de Yu-Yang, et Tchang-Chun du côté de Tay-Chan. Le premier prit même le titre d’empereur, le second celui de général en chef des armées. Dans la province du Ho-Nan, Ngéou-Sing se souleva ; de toutes parts les mécontents se levaient comme des essaims d’abeilles ; et comme la neige pleuvaient les nouvelles dépêches qui annonçaient au prince les malheurs de l’État ;

  1. Vol. I, livre I, suite du chapitre III, p. 54 du texte chinois.