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Hiuen-Té celle du nord, tandis que la quatrième resterait libre pour engager l’ennemi à fuir.

Dès ce jour là Sun-Kien, le premier à l’assaut, avait tué vingt brigands ; tout fuyait en désordre sous ses pas, quand l’un de leurs chefs, Tchao-Hong, se précipite sur lui au galop et le harcèle ; mais du haut des remparts Sun, d’une main robuste, lui arrache sa lance et le renverse ; puis monté sur le cheval de son ennemi vaincu, il retourne jeter l’épouvante au milieu des rebelles. Leur dernier chef, Sun-Tchong, sort par la porte du nord ; là, il rencontre les volontaires, et ses troupes découragées ne songent plus qu’à fuir : il tombe lui-même percé d’une flèche qu’a lancée Hiuen-Té ; le gros de l’armée impériale se jette sur ses pas et porte le carnage dans les rangs dispersés. Une multitude de rebelles fut massacrée par les troupes victorieuses ; ils jetaient bas les armes par milliers.

Du côté de Nan-Yang, une grande étendue de pays se trouvait pacifiée, et Tchu-Tsuen retourna dans la capitale. Pour prix de ses services l’empereur lui donna le rang de chef d’un corps de cavalerie, avec le titre de vice-roi du Ho-Nan (résidence importante par le siége d’une cour) ; il fit un rapport favorable sur la belle conduite de Sun-Kien et de Hiuen-Té ; mais le premier fut seul récompensé et élevé au grade de général de cavalerie ; il fit donc ses adieux à Hiuen-Té qui n’avait pas comme lui des amis particuliers à la cour.

Cependant, depuis des semaines, mécontents de ne rien obtenir, les trois frères, les trois chefs de volontaires se promenaient au hasard dans les rues de la capitale ; un des membres du grand conseil, Tchang-Kun, passait un jour dans son char ; ils l’accostent et lui exposent leurs griefs. Aussitôt, Kun va trouver l’empereur, et, dans son indignation, il s’écrie : « Sire, ce sont vos dix favoris qui ont causé l’insurrection des Bonnets-Jaunes ; ils vendent les places ; ils oppriment le peuple ; ils ne servent que leurs amis et ne punissent que leurs ennemis. Par eux, l’Empire est plein de troubles ; détruisez-les, Sire ; suspendez leurs têtes aux portes du palais, afin que tout le monde les voie. À ceux qui ont le plus mérité accordez les plus