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pires, pour ainsi dire indestructibles, à peine modifiés par le temps et marchant à pas comptés dans la voie qui leur a été tracée. Deux fois conquise, elle absorba deux fois les conquérants parce qu’elle conservait sur eux la supériorité intellectuelle et morale, fruit de son antique civilisation ; loin d’être anéantie par l’invasion, elle parut emprunter une force nouvelle à une race plus robuste, venue du nord, comme pour la régénérer en ses jours de décadence et d’affaiblissement. Toutes les vicissitudes qui ont marqué l’existence des nations anciennes, elle les a subies à l’extrémité de cette terre, dont elle se croyait le centre ; mais appelée à parcourir une si longue carrière, elle procéda lentement dans ses transformations : son enfance dura plus de quatre siècles. Pour elle, le premier âge, l’âge d’or, fut cette période durant laquelle les souverains choisis ou acceptés par le peuple, asséchèrent le sol, le disposèrent à la culture, adoucirent les mœurs, se mirent à doter cette société naissante des institutions dont elle avait besoin. Les rois de cette époque antérieure aux dynasties (même en omettant ceux dont le vague des traditions empêche de préciser les traits), furent pour la plupart des législateurs, des bienfaiteurs de l’humanité que la Grèce, plus poétique, eût placés au rang de ses dieux. Ils vécurent longtemps, comme les patriarches, instruisant les générations dans les arts utiles ; la Chine reconnaissante les appelle encore les saints Empereurs.

Lorsque le grand Yu cessa de vivre, le prince qu’il avait associé à l’empire, selon l’usage primitif, se retira dans la montagne après que les trois années de deuil furent écoulées. Les Chinois doivent à l’antiquité de leur