Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 1, Duprat, 1845.djvu/89

Cette page a été validée par deux contributeurs.

semblant de fuir ; le chef ennemi le poursuit jusque derrière le sommet de la montagne ; mais là le canon de signal a retenti ; les cinq cents hommes embusqués avaient répandu sur la terre le sang des animaux immolés ; le charme était rompu, car on vit alors paraître dans les airs des hommes de papier, des chevaux de paille qui tombaient pêle-mêle ; les pierres cessèrent de rouler, le sable de voler.

Furieux de voir ses sortilèges victorieusement repoussés, Pao fit reculer ses troupes derrière la montagne ; mais, dans cette retraite, elles furent attaquées de deux côtés par celles que Kouan et Fey y avaient placées en embuscade. Pendant ce temps, Hiuen-Té et le général Tsuen chargèrent en queue ces rebelles qui furent complétement battus. La bannière que portait Tchang-Pao en fuyant au milieu de ses troupes dispersées (et sur laquelle était écrit le titre pompeux de général de la terre) le trahit de bien loin aux regards de Hiuen-Té ; cet intrépide volontaire le joignit d’assez près pour lui percer le bras gauche d’une flèche, et le brigand, emportant le trait dans la blessure, put se sauver jusque dans les murs de Yang-Tching pour n’en plus sortir. Parmi les vaincus, le nombre des morts s’éleva à trente mille, et on ne put compter ceux qui se rendirent.

Les troupes impériales assiégèrent Yang-Tching, et quelques semaines après Tchu-Tsuen envoya savoir des nouvelles de son collègue Hwang-Fou ; les émissaires rapportèrent qu’il avait obtenu sur le chef de la révolte un avantage signalé. Tchang-Kio avait été défait dans plusieurs rencontres successives. Quand l’ordre de la cour arriva qui ordonnait à Hwang-Fou de détruire entièrement les rebelles, leur généralissime n’existait déjà plus ; son second frère, Tchang-Liang, l’avait enterré avec les habits et le bonnet d’empereur.

Sept fois Hwang mit en déroute ce brigand qui commandait encore une forte armée ; après l’avoir enfin tué à Kio-Yang, il s’empressa d’exhumer le corps du chef des Bonnets-Jaunes, et d’envoyer sa tête à la cour. Un grand nombre d’insurgés était mort dans le combat et cinquante mille d’entre eux avaient