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les plaines, ils voient flotter la bannière du premier corps d’armée des rebelles. — C’est Tchang-Kio, c’est le général en chef des Bonnets-Jaunes, s’écrie Hiuen-Té ; courons le combattre, » et ils se précipitent, entraînant leurs soldats après eux.

En effet, vainqueur de Tong-Tcho, le généralissime des Bonnets-Jaunes profitait de son avantage et poursuivait les fuyards, lorsqu’il aperçoit un groupe de cavaliers se ruant sur lui à bride abattue de derrière la montagne. Hiuen-Té s’élance à leur tête ; il a ses amis à ses côtés ; Tchang-Kio est battu, refoulé à cinq lieues de là ; Tong-Tcho, dégagé, revient à son camp. « Qui êtes-vous ? demanda-t-il à ses libérateurs, quand ils vinrent le saluer. — Des hommes sans grade, ni titre, répondit Hiuen-Té ; » et là dessus, au lieu de les récompenser, il les traita avec tant de dédain, que Fey, plein de colère, indigné d’une pareille ingratitude après le service rendu, voulait se venger de cette insulte et la laver dans le sang du général impérial. Il ne pouvait, à moins que cela, apaiser sa fureur.


III[1].


Tong-Tcho (son surnom Tchong-Yng) avait acquis quelque gloire en battant les Mongols[2], gagnant ainsi le grade de gouverneur du Ho-Tong et de général ; mais c’était un homme hautain et méprisant. Dans son indignation, Fey voulait le tuer ; Kouan-Yu arrêta son bras, et cet emportement lui attira les reproches de Hiuen-Té. Qu’étaient-ils ? Des hommes sans grade, des volontaires, et Tong-Tcho tenait son rang de l’empereur, qui avait mis sous ses ordres tant d’hommes et de chevaux ! lever la main sur lui serait un acte de rébellion. Mais comme ils avaient juré de vivre et de mourir ensemble, si Fey était décidé à ne pas servir sous Tong-Tcho ils se retireraient tous les trois. Le héros irrité affirma que ce départ calmerait sa colère.

  1. Vol. I, livre I, chap. III, p. 34 du texte chinois.
  2. Il était de Lin-Tao dans le Long-Sy.