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sur ce point en grande hâte ; allez, Hiuen-Té, sans perdre un instant ! »

Et le chef des volontaires, prenant congé des généraux, conduit ses troupes sur le territoire de Kwang-Tsong ; mais au milieu du chemin voilà qu’il rencontre trois cents hommes escortant une litière fermée ; il regarde, c’est Lou-Tchy qu’il avait laissé naguère victorieux des rebelles ! Tout épouvanté, il saute à bas de son cheval, il court interroger Lou-Tchy. « Hélas ! répondit le général disgracié, je tenais Tchang-Kio bloqué ; pour la seconde fois, j’allais le battre, quand il a employé contre moi la magie, et je n’ai pu le vaincre. La cour, impatiente de nouvelles, m’avait envoyé un petit eunuque, qui d’abord m’a demandé des présents ; que pouvais-je donner aux favoris de l’empereur ? à l’armée nous manquons d’argent. L’envoyé m’a gardé rancune, il a prétendu dans ses rapports que l’ennemi était facile à écraser dans le Kwang-Tsong, que je suis resté campé sur une hauteur sans combattre, laissant au Ciel le soin de châtier les rebelles ; enfin, que je ne profite pas de l’ardeur des soldats ; bref, Tong-Tcho, général des troupes impériales, me remplace dans mon commandement et je vais rendre compte de ma conduite aux pieds de l’empereur. »

Ce récit indigna Tchang-Fey, le plus violent des trois amis, et il voulait, par un coup de main, délivrer le général sous lequel il avait combattu, mais Hiuen-Té l’arrêta ; la cour allait juger, comment oserait-il intervenir ? et Lou-Tchy continua sa route au milieu de son escorte.

« Puisque Lou-Tchy n’est plus à la tête de ses troupes, puisqu’elles sont commandées par des hommes nouveaux, dit Kouan, nous n’avons plus rien à faire de ce côté ; le mieux est de retourner dans notre canton. — Soit. » répondit Hiuen-Té. Et ils prirent tous les trois le chemin du pays de Yen. Mais depuis deux jours à peine ils étaient en marche, lorsque, derrière une montagne, ils entendent un grand bruit de voix ; la poussière de la mêlée s’élevait jusqu’au ciel. Tous les trois ils s’élancent au galop, gravissent les hauteurs… une division impériale est en pleine déroute, au loin, à travers les monts et