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à sa disposition, et puis il ne voulait pas prendre sur lui de faire marcher son monde.

Arrivés au camp de Lou-Tchy, les trois amis devenus frères rangèrent leurs troupes en attendant qu’on avertît le général ; celui-ci les fit entrer dans sa tente où il les reçut avec politesse ; mais quelle fut sa joie, quand il apprit de leur bouche qui ils étaient, ce qu’ils avaient fait déjà, et ce qu’ils voulaient faire encore ! Il choisit Hiuen-Té pour inspecteur de ses propres gardes.

Cependant, le chef de la révolte était là avec cent cinquante mille hommes, et Lou-Tchy ne pouvait leur en opposer que cinquante mille ; quoique plusieurs fois victorieux, il était incertain du succès ; aussi appela-t-il Hiuen Té : « Je vois ici les rebelles rassemblés, lui dit-il ; mais Tchang-Kio n’est pas soutenu par ses deux frères ; ils sont dans le Yng-Tchouen, aux prises avec Hwang-Fou-Song et Tchu-Tsuen. Je vous donne mille hommes, allez à travers le pays recueillir des nouvelles, et, à jour nommé, nous tomberons sur les brigands ! » Hiuen-Té partit en compagnie de Kouan et de Fey, muni d’une lettre, et il s’achemina jour et nuit vers Yng-Tchouen, où se trouvaient Fou-Song et Tchu-Tsuen.

Or, ces deux commandants avaient déjà, à la tête des troupes impériales, livré aux Bonnets-Jaunes un glorieux combat. Ceux-ci, contraints de reculer jusqu’à Tchang-Che, étaient allés camper au milieu de grandes herbes. Hwang et Tchu les tenaient bloqués ; ils résolurent de profiter d’un grand vent pour incendier le camp ennemi : chaque soldat eut ordre d’apporter une charge d’herbe sèche, et le soir, la brise soufflant avec violence, Hwang fit partir en avant quelques hommes choisis qui purent, à la faveur des ténèbres, se glisser près des retranchements et y mettre à la fois le feu en dedans et en dehors ; à la seconde veille de la nuit, l’incendie étant allumé, les deux généraux sortirent avec leurs divisions en battant la charge et se précipitèrent sur les palissades. La flamme montait jusqu’au ciel ; les brigands étaient sans armes, leurs chevaux sans brides ni selles ; dans leur frayeur, ils se mirent à