Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 1, Duprat, 1845.djvu/82

Cette page a été validée par deux contributeurs.

compagné de ses deux frères d’adoption. Bientôt parurent les rebelles, les cheveux épars, le haut de la tête couverte d’une pièce de taffetas jaune ; ils avaient pris pour devise les huit kouas, comme symbole de la vertu divinatoire de leurs chefs. Dès que la petite armée libératrice se montra, ils se séparèrent et la chargèrent en désordre ; elle était trop faible pour lutter avec avantage ; aussi Hiuen-Té battit en retraite à la distance de trois milles, et là il établit son camp.

« Nous ne sommes pas assez forts, dit Hiuen-Té à ses deux amis, usons de stratagème ; prenez chacun mille hommes et allez vous embusquer des deux côtés de la montagne. » Le lendemain, Hiuen-Té et Tséou-Tsing s’avancèrent avec leur monde en battant la charge, et pareils à des flots débordés, les brigands se ruèrent sur eux à grand bruit. Hiuen-Té recula ; puis, quand l’ennemi se fut engagé jusqu’au de-là de la montagne, tout d’un coup il frappa le tambour d’airain, c’était le signal convenu ; les deux divisions sortirent à la fin de leur embuscade, et celle qui battait en retraite fit volte-face. Pris à l’improviste, attaqués de trois côtés, les Bonnets-Jaunes furent mis en pleine déroute, et s’enfuirent jusque sous les murs de la ville assiégée.

Le gouverneur militaire, Kong-King, qui y était enfermé, profita de l’occasion pour faire une sortie, et les rebelles, taillés en pièces, furent bientôt contraints de lever le siège. Des présents en vivres offerts par le commandant de la ville délivrée furent la récompense de cette victoire.

L’auxiliaire de Hiuen-Té, Tséou-Tsing, voyant sa mission terminée, voulut retourner près de son chef, le gouverneur de Yen-Tchéou, mais Lou-Tchy était aux prises avec le général en chef des révoltés Tchang-Kio lui-même, dans le pays de Kwang-Tsong. Dès qu’il le sut, Hiuen-Té voulut joindre ses troupes à celles de l’ancien maître dont il avait suivi les leçons en compagnie de Sun-Tsan, pour écraser l’ennemi. Cependant les cinq cents hommes de son village furent les seules forces dont il put disposer. Tséou se retira avec les cinq mille soldats de sa division ; d’abord, les vivres nécessaires n’étaient pas