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II[1].


[Année 184 de J.-C.] À la tête de ses cinq cents hommes, Hiuen-Té arrive au pied du mont Ta-Hing et se trouve en face des rebelles ; il range aussi son armée en bataille ; Kouan est à sa gauche, Fey à sa droite ; tous les trois ils s’élancent au galop et provoquent les Bonnets-Jaunes par des paroles injurieuses : « Brigand, qui portes les armes contre l’empereur, viens, rends-toi ! » — leur chef Tching-Youen, plein de fureur, envoie au-devant des volontaires son lieutenant Teng-Méou ; mais, Fey, l’œil enflammé, se jette sur lui avec sa lourde lance et lui perce le cœur ; le rebelle tombe mort. À cette vue, Tching lui-même fouette son cheval en brandissant son cimeterre ; il veut se saisir de Tchang-Fey, lorsque Kouan-Yu (fidèle à son serment) fait voltiger son sabre et se jette dans la mêlée. Dès qu’il l’aperçoit, le chef rebelle perd sa force et son courage ; il ne peut même pas même se défendre, et tombe à son tour coupé en deux par le glaive recourbé de son adversaire. À cette vue les Bonnets-Jaunes abandonnent leurs armes ; un grand nombre d’entre eux se rend à discrétion ; plusieurs milliers de vaincus sont décapités.

Les trois petits corps d’armée retournèrent après cet exploit près du chef de la garnison Liéou-Yen, qui vint à leur rencontre et leur distribua des récompenses. Mais déjà des éclaireurs, arrivés de Tsing-Tchéou, apportaient une lettre par laquelle le gouverneur de cette place donnait avis que les rebelles le tenaient assiégé ; il allait être obligé de se rendre, s’il n’était bientôt secouru.

« Que faire ? dit Liéou-Yen. — Courir le délivrer, répondit Hiuen-Té, » et le commandant de Yen-Tchéou fit partir cinq mille hommes sous les ordres du fidèle Tséou-Tsing son lieutenant ; alors aussi Hiuen-Té se mit en marche ac-

  1. Vol. I, livre I, chap. II, p. 21 du texte chinois.