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distribution de vin. Le lendemain on trouva de quoi s’armer ; mais les chevaux manquaient. Au milieu de cette perplexité, on vint annoncer que deux étrangers escortés de dix serviteurs arrivaient à la ferme, conduisant avec eux une belle troupe de chevaux. « Le ciel vient à notre aide, s’écria Hiuen-Té. accomplissons donc de grandes choses ! « C’étaient des marchands de Tchong-Chan que la révolte des Bonnets-Jaunes forçait à reprendre le chemin de leur pays, sans avoir pu aller dans le nord vendre leurs chevaux. Hiuen-Té les pria d’entrer dans la ferme, les traita fort bien, et leur fit part de la résolution prise en commun, de repousser la rébellion pour secourir la dynastie menacée, et d’arracher le peuple à tant de misères.

Enchantés de cette résolution, les deux marchands donnèrent à Hiuen-Té cinquante chevaux de choix, une grosse somme d’argent, et une grande quantité d’acier ; celui-ci, avec le secours d’ouvriers habiles, fit confectionner pour lui un sabre à deux tranchants, un cimeterre recourbé en forme de faux pour Kouan, et pour Fey une lourde lance. Chacun d’eux compléta son armure par un casque et une cuirasse ; ces préparatifs achevés, ils allèrent à la tête de cinq cents jeunes volontaires trouver l’officier Tséou-Tsing qui les conduisit près de Liéou-Yen le commandant du district. Celui-ci les accueillit avec transport, quand il sut et leurs noms et ce qui les amenait vers lui. « Voilà un descendant des Han, s’écria-t-il en entendant le nom de Liéou (c’était celui de la famille régnante que portait Hiuen) ; s’il a le moindre mérite, il devra être appelé à des emplois honorables ! » Après avoir reconnu que Hiuen-Té et lui descendaient de deux branches d’une même famille, il disposa ses cavaliers en bon ordre.

À ce moment, des éclaireurs vinrent annoncer qu’un corps de cinquante mille Bonnets-Jaunes ayant à leur tête Tching-Youen-Tchy (disciple et lieutenant de Tchang-Kio) s’approchait de la ville de Tcho-Tchéou. Le commandant de la garnison rassembla vite ses chevaux et son infanterie ; Tséou-Tsing eut ordre de se porter en avant pour engager le combat, et les trois chefs de volontaires, ivres de joie, s’élancèrent à cheval.