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Liang, celui de général de la terre ; et Pao, celui de général des hommes[1].

« Le temps accordé par le ciel à la dynastie des Han touche à sa fin, disait Tchang-Kio au peuple soulevé ; le grand saint a paru, obéissez tous à la volonté divine et suivez la vraie doctrine pour jouir des bienfaits de la grande quiétude ! » De toutes parts, la foule coiffée de bonnets jaunes se pressait sur ses pas et se révoltait à sa voix. Au nombre de quatre à cinq cent mille, les illuminés traversaient districts et provinces en mettant tout à feu et à sang ; devant ce fléau, les magistrats quittaient leurs postes et fuyaient de bien loin ; mais le général en chef, Ho-Tsin, insistait auprès de l’empereur pour que sa majesté envoyât rapidement l’ordre de se tenir sur tous les points prêt à la défense, afin de pouvoir remporter la victoire sur les rebelles. Déjà il avait dépêché Lou-Tchy, Hwang-Fou-Song et Tchu-Tsusen, commandants militaires, qui marchaient avec trois divisions de bonnes troupes.

Cependant le premier corps d’armée des rebelles, celui que commandait Tchang-Kio en personne, avait pénétré dans le district de Yen ; un des commandants subalternes du canton, nommé Tséou-Tsing, alla trouver Liéou-Yen, général de la province. Cet officier originaire de King-Ling dans le Kiang-Hia, surnommé Kun-Lang, descendait d’un ancien roi de Han (Lou-Kong-Wang), aïeul de la famille régnante. Les deux chefs délibèrent ; l’ennemi approche, comment faire pour le repousser ! — « Écoutez, dit Tséou, un ordre de Sa Majesté enjoint de détruire partout les rebelles ; pourquoi l’illustre général n’appellerait-il pas sous les drapeaux ceux qui peuvent servir la cause impériale ? » Cet avis plut à Liéou ; une proclamation fut immédiatement affichée dans tout le canton ; elle invitait les soldats fidèles à prêter aux commandants le secours de leurs bras.

Distribuée aussi dans le petit village de Léou-Sang (district

  1. Ces désignations correspondent à ce que les Chinois appellent les Trois Pouvoirs : le ciel, la terre et les hommes.