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et artificieux ; appelez à vous tous les hommes recommandables. Déchirez ces ordonnances ; révoquez ces nominations ; coupez court à une vie d’inaction et de plaisir. En cherchant à faire briller au loin la majesté du Ciel, vous pourrez amener la cessation de ces fâcheux pronostics. »

À son tour, Tsay-Yong, membre du conseil impérial, prit la parole et dit :

« Après avoir médité avec la plus profonde attention, votre sujet expose humblement que tous ces présages annoncent la fin de la dynastie. Le Ciel a aimé et protégé d’une manière toute spéciale les grands Han. Aussi des présages, des signes extraordinaires ont été manifestés pour les avertir du châtiment qui se prépare. Le Ciel a voulu provoquer l’attention du prince des hommes, afin que, rentrant en lui-même, il évitât les dangers dont il est menacé et retrouvât le repos. L’arc-en-ciel s’abaissant sur la chambre impériale, les poules qui chantent comme des coqs, sont autant d’avertissements qui se rapportent à l’intrusion des femmes dans les affaires de l’État. Votre nourrice, Tchao-Yao, a le rang de princesse dans l’Empire ; l’intendant de votre palais Yang-Lo, Ho-Yu est un homme fourbe et artificieux. Réfléchissez bien à ces choses, car assurément elles sont un sujet de chagrin pour le royaume. Tchang-Hao, Wei-Tchang, Tchao-Hiuen, Kou-Cheng, voilà maintenant vos favoris ; réfléchissez que ces hommes sans mérite peuvent causer la perte de la dynastie. J’expose humblement encore que Kouo-Sy, Kiao-Hiuen, Liéou-Tchong, que tous ces mandarins pleins de droiture, ces vieillards sincèrement vertueux doivent diriger le conseil. Les grands mandarins, conseillers suprêmes, sont les bras et les jambes du souverain ; il ne convient pas de recevoir les ordres d’hommes méprisables, de maltraiter et d’opprimer les hauts dignitaires.

« Votre sujet espère que Votre Majesté supportera ces remontrances et mettra un terme à ces abus. Tous les mandarins qui approchent l’empereur doivent changer de conduite ; car, si les hommes sortent d’eux-mêmes de la mauvaise voie,