Page:Theodore Pavie - Histoire des trois royaumes vol 1, Duprat, 1845.djvu/71

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Chang, tous les grands dignitaires, Yang-Sse et les autres. Il les interrogea sur les causes de ces calamités, de ces prodiges menaçants, et sur les moyens de les faire cesser.

Yang-Sse répondit par le discours suivant :

« Votre sujet a appris dans le Tchun-Tsieou cette vérité : Lorsque le Ciel envoie son arc lumineux, le monde s’inquiète ; entre les quatre mers, il y a des troubles. Voici de plus qu’une période de quatre cents ans est près de s’accomplir. Aujourd’hui, les femmes et les eunuques s’emparent à l’envi de la direction des affaires de l’État ; l’éclat du soleil et de la lune est obscurci. Au bas de la porte Hoang-Tou (dans l’intérieur du palais) les favoris ont appelé des gens sans mérite ; ils ont récompensé avec des places et des honneurs, ces flatteurs qui achètent ainsi leur protection par de riches présents. En moins d’un mois, ils ont distribué tous les emplois à leurs créatures. L’un, Yo-Song, est devenu président du conseil ; l’autre, Jin-Tchy, moniteur impérial. Hy-Kien, Liang-Kouo, tous ces grands personnages, recommandables par leurs talents et par les dignités dont ils étaient revêtus, n’ont plus part aux faveurs. Ceux qui occupaient un rang et un emploi dans l’État ont été relégués loin de la cour et réduits à labourer la terre. Ceux qui avaient toujours à la bouche les sentences des saints empereurs Yao et Chun, ceux qui marchaient dans la voie tracée par les anciens Sages, on les a rejetés dans la classe du peuple, on ne leur accorde plus aucun emploi. N’est-ce pas changer son bonnet pour ses souliers, mettre la vallée à la place de la colline !

« Aujourd’hui le Ciel auguste, dans sa bonté, manifeste ces présages à la terre pour lui donner un avertissement.

« Le livre des Tchéou dit aussi : Quand le Fils du Ciel voit des présages, il s’applique à renouveler sa vertu ; quand les princes feudataires voient des présages, ils s’appliquent à bien gouverner leurs royaumes ; quand les grands vassaux, qui ont sous leur dépendance douze mille familles, voient des présages, ils s’appliquent à bien régir leurs principautés ; quand les hommes du peuple voient des présages, ils s’appliquent à se corriger de leurs défauts. Sire, chassez ces serviteurs dépravés