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rope, a néanmoins ses difficultés ; elle n’explique souvent certaines obscurités chinoises que par d’autres obscurités, parce que la plupart des traducteurs, fidèles à la lettre, ne s’embarrassent pas trop du sens… » Cela revient à dire que, d’abord, les Orientaux n’écrivant pas pour nous, ne songent guère à résoudre les difficultés qui nous arrêtent, et que, ensuite, une langue aussi peu travaillée que celle des Mandchoux, un idiome dénué de littérature propre et voué aux traductions, ne peut faire que calquer timidement, aveuglément même, un texte donné.

Quelque imparfaite que soit cette langue, elle est un secours, et dans les études orientales tout secours est une bonne fortune dont il faut se mettre en état de profiter. Il n’y a pas un ouvrage chinois, de quelque importance, qui n’ait été traduit en mandchou, depuis que la dynastie des Tay-Tsing occupe le trône ; la langue des conquérants, de l’armée, de la cour, est le mandchou, et c’est celle que les Russes étudient le plus volontiers, à cause de son utilité pratique ; eux qui abordent la Chine par la Tartarie. Autant la connaissance de cet idiome seul serait insuffisante à qui voudrait étudier les monuments littéraires du céleste Empire, autant elle est indispensable à qui veut comprendre à fond la langue chinoise, la décomposer dans toutes ses parties, en analyser la syntaxe, en deviner la grammaire ; car il n’y a pas de langage sans grammaire. Là où les flexions manquent pour indiquer l’action du verbe sur le régime, le rapport des mots entre eux, il y a nécessairement des règles de position qui en tiennent lieu ; ce que le raisonnement fait pressentir, la traduction fidèle et parfois