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la réalité, le savant missionnaire a souvent reproduit des discours empruntés au roman ou plus tôt que le roman lui-même avait puisés dans les textes officiels. Quelle page dans l’histoire du céleste Empire que cette révolution d’un siècle ! et une pareille crise ne pouvait durer moins chez un peuple qui en était à son moyen âge, au premier siècle de l’ère chrétienne, et voyait déjà périr tant de nations anciennes, moins vieilles que lui !

En comparant la marche du roman avec celle des faits tels que les rapporte le père Mailla, on se convainc que le San-Koué-Tchy tient d’assez près à l’histoire ; puis il se présente une seconde réflexion ; c’est qu’on ne peut guère aborder un travail sérieux dans les études chinoises, sans rencontrer devant soi les missionnaires. Ces hommes de science et de dévouement, si versés dans la pratique de la langue du céleste Empire, dans la connaissance géographique de cette contrée dont ils dressaient des cartes, si bien au fait des mœurs et des habitudes d’une cour à laquelle plusieurs d’entre eux occupaient des emplois, d’un peuple avec lequel ils vivaient dans l’intimité, ces religieux si savants ont pénétré, il y a deux siècles, au cœur de cette région qui attire aujourd’hui les regards de l’Europe. D’où vient qu’on semble oublier ou presque méconnaître leurs travaux ; qu’on attende d’un prochain avenir la découverte de ce même pays, sur lequel les missionnaires nous ont communiqué tant de documents positifs d’une valeur certaine ? La Chine va s’ouvrir, dit-on ! mais, toute fermée qu’elle était, ne nous a-t-elle pas livré les secrets de sa longue existence, de son organisation, de ses révolutions multipliées, et cela, dans les monuments de sa