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le droit d’espérer qu’un ouvrage, qui fait l’admiration d’un peuple policé à sa manière, peut au moins piquer la curiosité, exciter l’intérêt d’un autre peuple plus avancé en civilisation et qui se plaît à comparer entre eux tous les monuments du génie humain ? Quand un cadre historique donne de la solidité à l’édifice littéraire, on peut accorder à l’ouvrage une certaine valeur intrinsèque, en dehors de l’influence secondaire des temps et des lieux. Le roman, la nouvelle, l’élégie même qui viennent çà et là se glisser dans le récit, sans nuire à l’action, et s’y incorporent de telle sorte qu’on arrive au bout du hors-d’œuvre avant d’avoir senti qu’on sortait du domaine de l’histoire ; les épisodes variés ne sont pas d’ordinaire ce qui rebute le lecteur. Sur tous les théâtres, la scène s’anime davantage aux endroits où les héros redevenus hommes sous le costume de convention, montrent mieux à travers la cuirasse et la pourpre, les mouvements de leurs cœurs. Quant aux noms propres, si peu harmonieux à nos oreilles, si peu différenciés quelquefois qu’il y a confusion par le nombre, il devient moins difficile de les appliquer à ces personnages dont le portrait peint en pied se grave dans l’esprit, grâce aux traits qui les caractérisent ; chacun d’eux ayant son attribut moral par lequel il se distingue aussitôt, comme les dieux du paganisme grec et indien, par l’emblème qui leur est propre.

La période de quatre-vingt-dix-sept années que retrace le San-Koué-Tchy, forme près d’un volume, c’est-à-dire la dixième partie environ de la collection complète des Annales Chinoises, rédigées en français par le père Mailla. Tout en rejetant la fiction pour ne s’attacher qu’à