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jours de concours et d’examen. Le public, la masse des demi-lettrés ne s’élève guère dans ses lectures jusqu’aux textes qui sont le sujet des thèses pour le doctorat ; il s’en tient aux nouvelles, aux nombreux romans qui le flattent par des peintures de mœurs, par des récits historiques ou imaginaires. Entre toutes les productions de ce dernier genre, on en compte quatre que la Chine regarde comme ses chefs-d’œuvre littéraires ; après, toutefois, les livres classiques auxquels le premier rang est réservé. Or, en tête des quatre romans d’élite, se place le San-Koué-Tchy. Moins concis que les ouvrages anciens, moins diffus que les textes modernes, il représente le style moyen, sévère, soutenu, qui convient à l’histoire. S’il était permis de hasarder une comparaison, on pourrait dire que l’auteur du San-Koué-Tchy ressemble par sa diction aux écrivains français de la première moitié du XVIIe siècle, en ce sens surtout qu’il incline vers les formes anciennes. Il est nourri de la lecture des vieux maîtres ; les lettrés de nos jours l’ont accepté comme un classique. Son œuvre a été lue et relue si souvent, que les éditions vinssent-elles à périr, il vivrait encore dans la mémoire des étudiants et du peuple. À ce sujet on peut citer une aventure touchante.

Un missionnaire français (il serait facile de dire son nom), établi depuis longtemps en Chine, parcourait, sous le costume du pays, l’une des grandes villes de l’Empire. Derrière lui, une voix inconnue fait retentir le nom malsonnant d’étranger !… La foule s’assemble menaçante. Le prêtre est entouré à l’instant ; s’il tremble, s’il se trouble, il est perdu !… les supplices l’attendent. Animé d’un de ces instincts subits que fait naître l’im-