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plis d’une façon identique dans des circonstances analogues, par des héros chinois ; tant il est vrai que la guerre est un jeu dans lequel les mêmes chances reviennent souvent et provoquent les gens de cœur aux mêmes actes de témérité et de courage. Dans les grandes batailles, la disposition des armées est si parfaitement indiquée, les généraux établissent si distinctement leurs divisions, celui-ci sur une montagne, celui-là derrière un bois, cet autre aux bords d’une rivière, les camps sont si exactement décrits que le lecteur s’intéresse aux mouvements de ces masses plus ou moins belliqueuses dont les piques et les cimeterres reluisent au soleil, dont les bannières flottent au sommet des collines, portant les couleurs, le blason particulier de chacun des chefs. On les suit, on les reconnaît, on attend l’issue du combat avec une certaine anxiété ; et l’écrivain a gagné sa partie.

En marchant sur les pas des grands capitaines de cette époque, on apprend la topographie de la Chine ; on sent que la partie vitale de l’empire, ce sont les plaines, berceau de sa monarchie, qui s’étendent entre les deux fleuves, le Kiang et le Hwang. Et comme rien n’a changé dans ce pays immobile, l’histoire d’une guerre intestine, quelque reculée qu’elle soit, permet de lire bien avant dans le cœur de la nation chinoise. Aujourd’hui que des circonstances nouvelles se préparent, ce qu’il importe le plus de connaître, ce sont le caractère du peuple des provinces intérieures, les ressources du pays, les productions du sol, tout ce réseau de fleuves et de rivières qui, en tombant à la mer par deux bouches, semblent ouvrir deux routes aux navigateurs européens. Le San-Koué-Tchy, sous ce rapport, offre un intérêt