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ni l’invasion violente du Coran, il est arrivé, à force de persévérance et de lentes transformations, au point où nous le voyons aujourd’hui. Assez semblable à nous quant à la civilisation matérielle, et aux empires absolus d’Occident quant à l’organisation politique, il nous étonne par ses rapports inattendus, autant qu’il nous déconcerte par ses dissonances avec les sociétés modernes. Quel rang n’eût pas été assigné à cette immense monarchie parmi les nations les plus choisies, si les doctrines qui ont triomphé en Europe de la barbarie l’avaient aussi régénéré ?

Les questions politiques sont de tous les temps et de tous les pays ; cependant combien de peuples anciens ont subi les révolutions les plus complètes sans en avoir montré les causes expliquées dans leurs annales ! Les Chinois n’ont point écrit non plus, il est vrai, la philosophie de leur histoire ; mais ils se sont plu à tracer les fastes de leur nation sous une forme dramatique, à les mettre en action, de telle sorte que le lecteur européen n’a plus qu’à conclure. Ils ont un grand souci de l’histoire, parce que, pour eux, l’homme est tout. Les Hindous, leurs voisins, procédèrent d’une façon bien différente : à peine sortis des lieux où les deux grands cours d’eau, le Kiang et le Fleuve-Jaune prennent leurs sources, les Chinois constitués en monarchie ont obéi à des empereurs. Leur premier livre a été une chronique en prose. À peine établis aux pieds de l’Himalaya, sur le bord de leurs rivières divinisées, les Hindous ont courbé le front devant la caste sacerdotale ; leur premier monument écrit a été un recueil d’hymnes, le Véda. Au Véda correspond en quelque sorte le livre des vers, le Chi-King ; mais celui-