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neuse de la terre, la nation, fort indifférente au sort des royaumes étrangers, s’est arrêtée sur les phases principales de sa propre existence. Le peuple aime à étudier sa généalogie, à se voir vivre dans le passé, à balayer la poussière qui s’accumulerait sur les tablettes des ancêtres ; aussi accueille-t-il avec empressement et écoute-t-il toujours avec respect les fragments de ses annales où la légende s’encadre dans la tradition, les discours pompeux où les noms des anciens empereurs sont invoqués à l’appui d’un principe. Dans ce pays, tout repose sur la tradition ; la politique, la morale, les arts, les sciences subsistent en vertu des lois primitives. La haute antiquité derrière laquelle se cachent les premiers sages, a donné à leurs doctrines le caractère de la révélation ; tellement que les religions diverses, tout en charmant par intervalle la cour et le peuple, n’ont fait que prendre place à côté de ces institutions humaines. Les mystères du Bouddhisme sortis de l’Inde, le culte des Esprits, né, on ne sait comment, de la philosophie spiritualiste de Lao-Tseu, se sont emparés souvent de l’âme et du cœur ; l’esprit a continué d’avoir pour guide la morale pratique de Confucius. De là ce proverbe : les trois religions n’en font qu’une. Le christianisme, qui s’adresse dans son ensemble aux trois facultés de l’être intelligent et satisfait à leurs besoins, pourra seul doter la Chine de cette croyance complète dont elle a dû chercher les éléments dans ses sectes opposées.

Dans le San-Koué-Tchy, si plein de respect pour la philosophie de Confucius, pour l’observance des rites, la doctrine de Tao-Ssé joue cependant un grand rôle. Les docteurs de la secte soulevèrent les populations dès les