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l’autorité ; dans la capitale du royaume de Ou, un ministre tout-puissant dépose le souverain qui a conspiré contre lui, égorge les grands, règne en despote et meurt assassiné au milieu d’une fête. Heou-Tchu de Tchou s’abrutit dans la débauche ; les eunuques le gouvernent, et la dignité royale se dégrade rapidement dans la personne de l’arrière-neveu des Han. Ces dynasties éphémères meurent l’une après l’autre pour faire place à l’heureux ministre des Ouei, que la fortune appelle à conquérir, à soumettre et à pacifier toute la Chine.

Tsao-Mao fut le dernier empereur de la famille issue du grand ministre qui soutint et étouffa la dynastie des Han ; déposé par Ssé-Ma-Tchao, comme le légitime souverain Hien-Ty l’avait été par son propre aïeul, ce Tsao-Mao mourut avec quelque gloire, aux portes de son palais, luttant contre l’usurpation, à la tête d’une poignée de soldats à cheveux blancs. Quand le trône fut vide, Ssé-Ma-Tchao gouverna l’empire avec son frère aîné Ssé-Ma-Yen ; à ce dernier était réservé de régner bientôt sur toutes les provinces réunies. Après une lutte de vingt années, le pays de Tchou fut conquis ; le roi Heou-Tchu, trop faible pour se défendre dans sa capitale, trop lâche pour se joindre aux généraux dévoués qui tenaient encore pour lui dans la montagne, abdiqua honteusement. Son fils, digne rejeton de l’héroïque Liéou-Pey, refusa de capituler ; il égorgea de sa main ses propres enfants, et se donna la mort, tandis que sa femme se brisait le crâne contre les colonnes du palais. Ainsi périt le dernier des Han de la seconde branche.

À la nouvelle de ce désastre, le roi de Ou sentit qu’il était perdu ; sa puissance succomba avec ses flottes dans